Mardi dernier, la formation Gogol Bordello, qualifiée de «gypsy punk» par la plupart des journalistes musicaux, lançait son sixième album studio titré Pura Vida Conspiracy. Mené par le charismatique chanteur moustachu Eugene Hütz, Gogol Bordello crée un cocktail explosif et jouissif de bon vieux punk rock et de musique tzigane évoquant l’Europe de l’Est. Enregistrée à El Paso au Texas, avec Andrew Scheps (The Mars Volta, Red Hot Chili Peppers) derrière la console, la formation new-yorkaise y va d’une offrande dans la continuité des efforts antérieurs.

Sauf que la réalisation musclée et limpide propulse le penchant anarchique assumé de Gogol Bordello dans la stratosphère. Simultanément, la troupe raffine ses compositions et ses structures chansonnières, ce qui décuple la puissance fédératrice et rassembleuse de ces refrains concoctés spécifiquement pour être hurlés à tue-tête. C’est tellement bien réalisé que ce Pura Vida Conspiracy pourrait permettre au collectif de passer à la vitesse supérieure, en ce qui concerne l’approbation du plus grand nombre.

Sans réinventer la propre roue qu’ils ont eux-mêmes conçue, Gogol Bordello présente un album mature, toujours aussi festif, sacrifiant un soupçon d’urgence pour un peu plus de subtilité. Accrocheur sans être racoleur, juste assez décousu pour ne pas rebuter les vieux fanatiques, la bande à Hütz est complètement en contrôle. Pura Vida Conspiracy est plus académique, mais ça n’enlève rien à l’indéniable charme de la formation.

Sans être un groupe revendicateur, Gogol Bordello crée une musique essentiellement «politique» au sens où le groupe adore briser les frontières et abolir les préjugés afin d’unir les gens autour de leur musique. Hütz écrit toujours sur les thèmes de l’espoir, l’altruisme et la force du nombre… et c’est toujours aussi vivifiant dans un monde de plus en plus nombriliste. Bref, rien de bien nouveau sous le soleil de Gogol Bordello, mais la chandelle brûle toujours par les deux bouts, au grand plaisir des admirateurs de la meute. Avec cette sitedemo.cauction, la bande consolide sa place en tant qu’incontournable du rock moderne!

Pura Vida Conspiracy est bourré de brûlots «gypsy punk» incandescents : l’explosive We Rise Again, la «gypsy punk» parfaite Dig Deep Enough, la punkisante Lost Innocent World, la valse nautique adroitement intitulée Name Your Ship, la sud-américaine I Just Realized, la pop-rock festive Gypsy Auto Pilot et la folk dépouillée We Shall Sail. Bonus? L’album se conclut sur un morceau fantôme aux accents punk/métal à la fin de We Shall Sail. Jubilatoire!

Certains diront que la recette des New-Yorkais commence à être éculée, mais en ce qui nous concerne, puisque la facture sonore de Gogol Bordello est unique en son genre, le groupe n’a qu’à miser efficacement sur son charisme, son énorme potentiel unificateur et son songwriting simple, mais diablement opérant, afin de toucher la cible. Si nous ajoutons cette réalisation riche (dans tous les sens du terme!!!), vous aurez dans les oreilles un album de party tout à fait pertinent. Du très bon travail!

Ma note : 7/10

Gogol Bordello
Pura Vida Conspiracy
Maple Music Recordings/ ATO Records / Fontana North
51 minutes

www.gogolbordello.com

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=AU-uzWUzE40[/youtube]