Godspeed You! Black Emperor
Asunder, Sweet And Other Distress
- Constellation Records
- 2015
- 40 minutes
J’ai terminé ma critique d’Allelujah! Don’t Bend! Ascend! à l’automne 2012 avec un souhait: que cet album soit la fin des vieilles idées, et que l’album suivant soit la première véritable création de Godspeed You! Black Emperor depuis sa réunion en 2010. C’était peut-être une prédiction facile, mais c’est ce qui nous arrive ce mois-ci. La populeuse troupe du Mile-End nous offre un nouvel album, le premier à n’offrir aucune composition datant de sa période pré-séparation.
Les pièces d’Asunder sont donc une dizaine d’années plus jeunes que celles d’Allelujah, et même si le temps n’a pas rendu Godspeed méconnaissable, j’oserais dire que c’est leur offrande la plus surprenante depuis Levez vos Skinny Fists.
Est-ce que j’entends par là que la formule des lentes progressions se développant très longuement a été remisée? Pas du tout, mais elle est juste un peu modifiée, sans que le changement ne semble trop forcé. Aucun disque de Godspeed n’avait encore démarré avec aussi peu de préambule. À peine vingt secondes après avoir appuyé sur play, on entend une pulsation lente se faire écraser par le gros riff post-metal de Peasantry or ‘Light! Inside of Light!’. La minutieuse manipulation des progressions est encore là, mais elle se passe cette fois surtout dans la longue masse de bruits qui sépare les deux pièces principales de l’album.
La clé du succès pour le groupe semble avoir été de répéter l’oeuvre dans sa totalité et dans l’ordre à maintes reprises sur scène. Les setlists du groupe, photographiés et subtilisés par les fans, nommaient la composition Behemoth. Elle durait fréquemment au-delà de cinquante minutes. Clairement, ces répétitions devant public ont fonctionné. La troupe montréalaise saisit parfaitement où elle doit ralentir ou presser le pas, combien de temps tenir en laisse une série d’échos et de drones, et où une basse grasse et fuzzée doit céder sa place à une apaisante harmonie de cordes.
Le seul endroit où GY!BE force un peu la mise est dans le dernier droit de l’album. Quand la pièce finale, la néanmoins excellente Piss Crowns Are Trebled, passe d’un rythme en trois temps à un rythme en quatre temps, le changement et le riff qu’il introduit semblent agrafés de force. La forme que Godspeed a plus ou moins inventée dans les années 90 semble nécessiter une apogée extatique, et le groupe a l’air de penser que l’album serait incomplet sans nous asséner ce dernier coup derrière la tête. C’est peut-être un peu prévisible, mais on ne peut pas nier le plaisir que ça procure.
Ma note: 8/10
Godspeed You! Black Emperor
Asunder, Sweet and Other Distress
Constellation Records
40 min
[soundcloud url= »https://api.soundcloud.com/tracks/192622921″ params= »color=ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false » width= »100% » height= »166″ iframe= »true » /]