Quand black midi a annoncé que c’était la fin, j’étais, comme bien des mélomanes, en deuil d’un groupe que j’ai trouvé fascinant au cours des cinq dernières années que j’ai eu la chance de voir live à la SAT. Mon deuil a été légèrement adouci par la nouvelle que The New Sound, le premier album de Geordie Greep, allait être lancé cet automne. J’avais un peu peur de me lancer dans cette nouvelle œuvre et d’en sortir en me disant : je m’ennuie de black midi.

Mais oh que ce n’est pas ce qui s’est passé en tombant dans l’ironiquement titré The New Sound. Geordie Greep livre ici un album intense et coloré qui rappelle les moments les plus fous de black midi, mais avec moins de lourdeur. On fait plutôt de la place aux rythmes latins et aux influences multiples. Même chose pour l’instrumentation qui est variée et extravagante.

En fait, dès Holy Holy, le premier extrait, on pouvait se dire que ça allait bien se passer. La pièce avance à toute allure avec une instrumentation baroque (dans le sens théâtral et non musical), des rythmes latins et un Geordie Greep qui chante la relation d’un client avec une escorte qui expose les insécurités du narrateur. C’est franchement réussi. Le côté théâtral de Greep est mis de l’avant sur l’ensemble de l’album. C’est vrai une fois de plus sur la tragique Motorbike alors que la théâtralité de Greep est interprétée par Seth Evans, le réalisateur de l’album.

L’orchestre est très présent sur The New Sound. C’est vrai sur Through a War qui accueille l’auditeur avec des cuivres chauds qui sont par la suite remplacés par une guitare qui poursuit le riff. Il y a des moments plus calmes, mais toujours surprenant comme The Magician qui parle des insécurités d’un homme après une séparation. La pièce avait commencé à être jouée par black midi en concert sans jamais être endisquée. Le tout se termine sur une pièce très orchestrale aussi : If You Are But a Dream qui a des petits airs quasi Sinatra.

Toute lourdeur n’est pas complètement évacuée, mais ce n’est jamais aussi lourd qu’avec son groupe précédent pour Geordie Greep sur The New Sound. Mais il y a tout de même une bonne dose de rock sur Blues et sa guitare hyperactive.

Bref, c’est un album touffu, oui, mais oh combien intéressant de Geordie Greep. Il y a parfois beaucoup d’idées qui sont lancées en même temps, mais comme c’était le cas dans black midi. Ça ne nuit jamais vraiment aux pièces et fait plutôt une surenchère qui garde toujours l’oreille sur le qui-vive. Un premier album tout à fait réussi.