Critiques

Full of Hell

Garden of Burning Apparitions

  • Relapse Records
  • 2021
  • 21 minutes
9
Le meilleur de lca

De tous les groupes heavy américains qui ont émergé au cours des 10 dernières années, Full of Hell est le seul qui ne cesse de me surprendre à chaque parution. Le plus récent gravé de la formation de Pennsylvanie commence par un grand hurlement d’une dizaine de secondes, gracieuseté de Dylan Walker, ce maître crieur polyvalent qui passe de l’assaut grindcore aigu aux grognements gutturaux, souvent dans une même phrase, voire une même syllabe.

On peut interpréter ce cri comme un avertissement : la balade d’une vingtaine de minutes qui suivra sera courte, mais totalement dénuée de repos. Qu’on se le dise.

C’est ainsi que Walker, son guitariste Spencer Hazard, son batteur Dave Bland et son bassiste Sam DiGristine se lancent dans l’assaut le plus sauvage de toute leur discographie à ce jour. Grindcore, death metal et hardcore se passent le flambeau à tour de rôle et l’on entend de plus en plus d’exploration dans la musique de Full of Hell. Mention spéciale à la clarinette basse de Shoshana Rosenberg sur Murmuring Foul Spring. Cette fois-ci, le harsh noise est à l’honneur et c’est particulièrement intense par moments. Lors de ma première écoute, je faisais de la réno bruyante avec un ami. Au moment où Derelict Satellite s’est mise à jouer, j’ai compris que le seul bruit de la scie radiale était finalement assez reposant. Quand on se compare, on se console! Voilà sans doute la pièce noise la plus dense et punitive jamais exécutée par le groupe. On dirait carrément que Dylan est enfermé dans une sécheuse remplie d’outils qui tourne pendant trois minutes. On pourrait presque qualifier de relaxante l’arrivée du brûlot grind à la sauce Napalm Death, Burning Apparition, qui lui succède. Bref, ce n’est vraiment pas pour toutes les oreilles.

Paradoxalement, c’est aussi sur cet album que le quatuor nous offre la pièce la plus accrocheuse de son répertoire. Reeking Tunnels se démarque grâce à un riff noise rock aux forts accents grunge qui rappelle certains moments entendus dans les discographies de Fudge Tunnel ou de Jesus Lizard. Cette influence n’est certainement pas étrangère à l’apport créatif de Spencer Hazard, qui utilise souvent de tels riffs dissonants au sein de son projet Eye Flys. On peut presque considérer qu’il s’agit de la ballade de l’album, qui est bien sûr suivie d’un autre assaut noise chaotique intitulé Non-Atomism, cette fois-ci un peu moins long. L’excellente Celestial Hierarch ferme le bal cauchemardesque le plus malicieux de nos quatre garçons hargneux.

Au final, Garden of Burning Apparitions représente un savoureux mélange de l’agressivité de Trumpeting Ecstasy (2017) et de l’aspect plus expérimental de Weeping Choir (2019). C’est réellement le meilleur des deux mondes et l’œuvre la plus aboutie à ce jour du quatuor qui demeure en constante évolution. Les fans de musique lourde de niveau expert vont adorer. Les autres passeront peut-être leur tour en courant vers la sortie.

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