Critiques

Fuck Toute

Coké Computer

  • Slam Disques
  • 2021
  • 37 minutes
7,5

Fort d’un punk flirtant avec le grindcore, FUCK TOUTE libère Coké Computer, un second long format branché sur le maudit gros voltage. Les Montréalais, protégés de Slam Disque, sont de retour après une absence de près de 5 ans… et que cela vous plaise ou non, ils s’en balancent royalement. D’ailleurs, le rédacteur ici présent le constate assez bien dès le deuxième morceau, Toaster dans l’bain.

Y’a rien qui m’attire dans le regard inconnu

– Toaster dans l’bain

Longue histoire courte (pour ceux et celles qui ne la connaissent pas), la formation puise son nom d’origine à la suite de la grève étudiante de 2015, où plusieurs bannières, lors des manifestations, arboraient le slogan «Fuck Toute !». (NDLR: On nous confirme que ce n’est pas du tout ça.) Cette identité se reflète dans un peu près toutes les sphères du groupe. Multipliant, la plupart du temps, les visuels et les textes absurdes, leur signature emblématique est certainement la réinvention satyrique du fameux logo de Black Flag en doigt d’honneur.

La critique maintenant ?

Honnêtement, je n’ai aucune sapristi d’idée claire en ce qui concerne mon appréciation, mais pour l’écoute du moins, j’en suis sorti pas mal abîmé. Est-ce une mauvaise chose ? Pas du tout. FUCK TOUTE, ça replace les organes dans le bon sens et ça réaligne les chakras.

Coké Computer est le genre de virus que tu pognais lors d’un téléchargement un peu louche sur Napster. Trop fort, trop vite, trop toute, toutes les pistes sont des séances de décapage de 200 BPM directement dans ta face. J’exagère à peine. Dignes d’une expédition en 2 jour livrée à ta porte, 7 des 12 titres ne surpassent pas les 3 minutes de vie. L’album est terminé, et tu n’as même pas le temps de cligner tes pupilles dilatés. En ce sens, Persona et ses 7 minutes 29 secondes, est clairement l’hurluberlu de la gang. Dernière en liste, elle est synonyme d’un récit poétiquement glauque sur une trame prog-métal beaucoup plus lente et calme que le reste. Or, cette conclusion se transforme en un chantier de démolition bourré de distorsion.

Un cadavre dans le garde-robe, la poubelle qui déborde

La gang de mouches qui volent icitte

M’ont tenu éveillé toute la nuite

– Persona

Si François Gagnon s’arrache, sans gêne, les cordes vocales à maintes reprises sur ce deuxième exercice, quelques secrets sont enfouis sur le desktop de Coké Computer. Alors que l’album éponyme surfait sur une thématique nihiliste, voilà qu’une certaine brèche supplémentaire de «non-croyance» jaillit sur Fentanihiliste. Et vous chers lecteurs, lectrices, auditeurs, auditrices, qu’est-ce que vous préférez comme thématique ? Les drogues dures, la crise du logement ou les reptiliens ?

Personnellement, j’ai un faible pour la légende urbaine de Lézard-Humain. Sur celle-ci, le base-drum saccadé résonne comme une alarme d’urgence dans un hôpital où des créatures reptiliennes tenteraient de s’échapper.

Par ailleurs, si j’ai « bien compris», la rumeur court que Jon Bon Jovi se cherche un appartement à Montréal. Est-ce que Jon Bovi est aussi un reptilien? Est-ce que la pièce Jon Bovi est cryptique?

On s’éloigne dans les détails

On voudrait faire exception

Mais faut renouveler notre bail

Jon Bovi

Coké Computer… une galette qui déménage pas mal plus facilement que les Montréalais en 2021.

Le ratio en mystères sur cet album-là est proportionnel au nombre de grafignes à nos tympans. Si cette version «bonifiée» en vitamines pas trop naturelles n’a rien, mais rien à voir avec le chef-d’oeuvre de Radiohead, Coké Computer s’inscrit forcément dans la lignée des meilleures sorties punk-hardcore des dernières années au Québec.

Dors pas là-dessus, de toute façon, ce sera assez difficile de le faire.