Fu Manchu
Gigantoid
- At The Dojo Records
- 2014
- 41 minutes
Fu Manchu a largement contribué à l’essor du stoner et du desert rock dans les années 90. Son habile mélange d’influences, allant du new punk californien jusqu’au surf rock, a permis à la bande de confectionner des pièces d’une pesanteur considérable, mais de rallier tout de même un vaste public. Vingt ans après No One Rides For Free, leur premier LP, le quatuor revient avec un onzième gravé, Gigantoid.
Cela dit, il semble que les albums et les tournées de Fu Manchu se sont multipliés dans les dernières années de manière inversement proportionnelle à leur pertinence dans le paysage musical dit heavy. Pour les avoir vu sur scène depuis We Must Obey (chaque fois dans des salles de plus en plus intimes), il est même légitime de se demander ce qui anime encore les membres tant leurs prestations sont désormais désincarnées. À l’écoute de la plus récente parution, cette impression se confirme: Fu Manchu piétine surplace.
Mais qu’on me comprenne bien ici. Un album de Fu Manchu respecte toujours un certain nombre de critères de base qui font la joie des amateurs depuis deux décennies. Des gros gros riffs de guitare, des solos et des paroles souverainement idiotes – pour leur sens de l’autodérision –, ont toujours été l’apanage du groupe. C’est encore le cas sur Gigantoid qu’on écoute les bras croisés en faisant un duckface et en opinant du bonnet.
Ce n’est juste pas une grande cuvée de Fu Manchu. N’en faisons pas un drame, depuis California Crossing en 2005, le groupe apparait tantôt périmé, tantôt peu motivé. C’est encore le cas sur Gigantoid lorsqu’on considère le sitedemo.cauit dans son ensemble.
Car il réside de très bons moments sur ce disque. Robotic Invasion, Dimension Shifter, The Last Question et Evolution Machine – les quatre titres les plus longs de l’exercice – respirent, les solos s’y intègrent naturellement et de longues transitions instrumentales encadrent à merveille les couplets et les refrains.
Et si Fu Manchu ne tentait plus d’écrire des hits, brulots punk-stoner de 2 minutes 30, et se concentrait plutôt à être un jam band? C’est la conclusion à laquelle j’en viens lorsque la géniale outro de Dimension Shifter devient Invaders On My Back, une pièce quelconque dans le répertoire de Fu Manchu.
Donc déception ce Gigantoid? Pas vraiment, mais on attend avec impatience la prochaine bonne idée du combo. D’ici-là, on se retape The Action Is Go ou In Search Of.
Ma note: 5/10
Fu Manchu
Gigantoid
At The Dojo Records
41 minutes
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