Critiques

Foxygen

Seeing Other People

  • Jagjaguwar Records
  • 2019
  • 37 minutes
6

« For me Seeing Other People just means goodbye: goodbye to the drugs, to the partying. Goodbye to my twenties now, Goodbye to my Saint Laurent-model-body. Goodbye to the touring circus — that’s right, no more shows or tours for a while. Goodbye, hopefully, to the anxiety attacks. Goodbye to beating myself up because I didn’t fit into those leather pants anymore. Fuck it. Goodbye to the facilities. And goodbye the leeches in my life. I know a lot of gritty stories about a lot of players in this business but you’ll have to read between the lines. »

-Sam France, chanteur de Foxygen

En une seule citation, vous avez devant vous la prémisse créative du nouvel album de Foxygen intitulé judicieusement Seeing Other People. En effet, même si le chanteur semble avoir fait la paix avec ses démons, l’envie de régler quelques comptes avec « l’industrie » est vorace. On n’en saura probablement un peu plus avec la parution prochaine de l’autobiographie de Sam France titrée Sam Francisco : Confessions of an Indie Rock Star. Bref, est-ce que l’on assiste à la fin de Foxygen ? Peut-être.

Cela dit, malgré le mode de vie excessif de Sam France et de son acolyte – l’excellent réalisateur et instrumentiste Jonathan Rado (coréalisateur du superbe Titanic Rising de Weyes Blood) – Foxygen a quand même quelques bons disques dans sa besace. On pense à We Are the Amabassadors of the 21st Century of Peace & Magic; disque magnifiquement réalisé par feu Richard Swift. On pense aussi au délirant … And Star Power; un voyage sonore complètement fou qui remémore, par moments, le génie de Julian Cope.

Alors, voilà ce nouvel album qui, cette fois-ci, emprunte les sentiers mille fois balisés de la pop des années 80 tout en gardant intact l’habituel ascendant soft-rock des années 70. Flying At Half-Mast est la pièce la plus emblématique de cette mixture stylistique. Après une première moitié quasi stonienne, la pièce se conclut avec une boîte à rythmes et un clavier parfaitement eighties. Même procédé dans l’introductive Work qui constitue un heureux mélange de pop synthétique et de glam rock « à la Transformer », chef-d’œuvre de Lou Reed.

Même si ce mélange est somme toute assez réussi, une étrange impression s’est sournoisement installée tout au long de l’écoute. Si la plupart des productions de Foxygen sont éclectiques, on y retrouvait toujours une certaine cohésion, mais surtout une véritable passion. En écoutant Seeing Other People, l’enthousiasme s’absente, comme si le cœur n’y était plus. Ce disque est bien réalisé, et interprété avec le maniérisme habituel de Sam France, mais ça manque cruellement de débordements et de folies !

Cette création tient quand même la route, mais on préfère Foxygen en mode « extravagant » plutôt qu’en mode « adulte contemporain ». La pièce titre, aux allures jazz-rock « fromagé », ennuie. Livin’ a Lie est une sorte de soft-rock à la Meat Loaf (et ce n’est pas un compliment !) et The Thing Is est un pastiche à peine dissimulé de Glory Days du bon vieux Springsteen.

Seeing Other People est un disque correct, mais qui manque l’ardeur qui caractérise les groupes totalement unis et dédiés à la tâche.

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