Critiques

Flying Hórses

Reverie

  • Bonsound
  • 2019
  • 43 minutes
7

Si on lit Flying Hórses, on penserait directement que le groupe vient d’un pays nordique quelconque avec son accent sur le o. En fait, la fascination de la compositrice derrière le nom est la seule chose nordique. Jade Bergeron est fascinée par l’Islande; d’ailleurs son premier album Tölt (2016) a été enregistré en bonne partie dans ce pays. Pour Reverie, l’Ottavienne s’est adjoint les conseils du pianiste Chilly Gonzales et de Efrim Menuck du groupe Godspeed You! Black Emperor. Ça donne un très bel album bien arrangé, mais qui manque un peu de distance par rapport à ses influences.

Reverie s’inscrit bien dans cette tendance du classique réinventé. Dans Sorg Sea I, on semble reconnaître une façon de jouer du piano qui rappelle un peu Nils Frahm, avec des boucles répétées très typiques du courant minimaliste. On y entend une boucle répétée qui change un peu avec l’ajout d’instruments superposés sur la base. Comfort et Isolation sont aussi dans cet esprit-là. Dans leur cas, le piano domine encore plus et les autres instruments sont en arrière-plan. Les deux pièces se ressemblent beaucoup.

Dans Settled, le piano est joué avec une force et finesse à la fois.  Le style de jeu fait un peu penser à Chopin, un genre que ne renierait pas un Gonzales qui a beaucoup exploité ce filon-là aussi, notamment sur son dernier album.

L’orchestration de Reverie est vraiment ce qui rend le résultat intéressant. Les violoncelles (joués par Sebastian Selke et Alex Mah) sont très présents, mais se fondent bien dans cette ambiance plus sombre que Jade Bergeron veut installer. Les autres aussi se font entendre de manière moins éclatante, mais c’est néanmoins bien exécuté.

Sorg Sea II est pas mal plus sombre, plus proche du post-rock que plusieurs autres pièces. Ici, on ose un peu plus, à croire que la longueur du morceau (6 minutes) aide à déployer des idées. On y trouve des cordes dissonantes, avec des ambiances qui changent rapidement à chaque tiers. Elle se conclut par une accélération du tempo aussi.

En somme, Reverie est un bel album très agréable à écouter et qui flatte l’oreille, mais qui ne l’amène pas ailleurs. Comme mentionné plus haut, le style néo-classique est vraiment en vogue ces temps-ci. Il faut vraiment quelque chose de distinctif pour sortir du lot. Or, cet album ne l’a pas tout à fait: il ressemble beaucoup trop à ses mentors pour être remarquable.

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