Flasher
Constant Image
- Domino Records
- 2018
- 30 minutes
La scène musicale de Washington DC regorge de groupes créatifs, articulés et revendicateurs. En faire la liste ici serait assez fastidieux. Notons simplement que la plupart de ces formations ont été influencées par l’un des quatuors punks parmi les plus intègres et sincères de l’histoire du rock états-unien : Fugazi. Le credo idéologique « fugazien » a fait des petits et le trio nommé Flasher a adopté le ton « socialisant » du mythique groupe. Mais là s’arrête la comparaison.
En juin dernier, Taylor Mulitz (voix, guitare), Daniel Saperstein (voix, basse) et Emma Baker (batterie) lançaient un premier album intitulé Constant Image. Réalisé par Nicolas Vernhes (Animal Collective, Deerhunter, The War on Drugs, etc.), Flasher nous propose un pop-rock vitaminé et étiqueté année 80, combinant ce penchant accrocheur à un post-punk à la Wire tout en y incorporant quelques salves de guitares remémorant My Bloody Valentine. Côté texte, le groupe pointe le projecteur sur cette atmosphère « anxieuse » qui prévaut chez nos voisins du Sud depuis l’avènement au pouvoir de cet autocrate un peu dérangé.
Mais là où le groupe se démarque franchement, c’est au niveau de l’interprétation. Malgré la gravité du propos, Flasher donne vie à ses chansons en y insufflant une bonne dose d’euphorie. Constant Image est un disque aussi engagé que joyeux et normalement, dans ce genre musical, l’amalgame de ces deux intentions fait rarement bon ménage. Cette fois-ci, ça fonctionne drôlement bien. Mélodiquement parlant, Mulitz et Saperstein s’échangent les rôles de manière inventive et les harmonies ensoleillées de Baker viennent enjoliver le tout. Du travail soigné.
Constant Image est puissant, hyperactif, tout en étant intelligemment nuancé. Les ascendants passéistes sont magnifiquement malaxés pour former un tout unique. Les adeptes de vieilles pointures musicales comme les Pixies, Talking Heads, Devo et New Order s’y retrouveront autant que les jeunots qui ont épousé le travail de Preoccupations, Ought ou même Protomartyr. Probablement le meilleur album de pop-rock pertinent de l’année en cours… à tout le moins, c’est un disque estival parfait !
Ça s’écoute d’un seul trait, le son dans le tapis, idéalement, les fenêtres de votre appartement grandes ouvertes. Les incontournables ? Pressure, Material, XYZ, Who’s Got Time ?, et la très Pixies/My Bloody Valentine titré Punching Up sont tout simplement irrésistibles.
Évidemment, compte tenu du caractère « populaire » de la proposition de Flasher, je vous conseille de profiter de ce que le trio nous offre actuellement, car rien ne nous assure que le trio n’empruntera pas une tangente plus « gentille » au cours des prochaines années. Ce groupe possède tout le potentiel musical et le talent mélodique pour exploser à la face du monde. Aussi bien en profiter pendant que ça passe.