Critiques

Fishbach

Avec les yeux

  • Entreprise
  • 2022
  • 40 minutes
8,5
Le meilleur de lca

L’autrice-compositrice-interprète française présente Avec les yeux, un excellent deuxième album qui possède à peu près tout pour séduire les mélomanes nostalgiques. Et bien plus encore.

Fishbach serait-elle une sorcière contemporaine? À la manière d’un sortilège, Avec les yeux nous fait du charme, nous surprend, nous envoûte. Si l’ensemble peut – pour le meilleur – être qualifié de disparate, les trois premiers morceaux nous embarquent vers des horizons cinématographiques. Dans un fou rire, De l’instinct… les mots se lisent ainsi comme une incantation dans laquelle l’artiste se plaît à convoquer des mélodies où brillent synthés groovy et où défilent des arrangements musicaux à la frénésie obscure parfois teintés de disco comme dans Masque d’or.

À la lueur de nos souvenirs adolescents, le monumental Nocturne donne quant à lui dans un tout autre registre, qui, pourtant, demeure cohérent avec le reste. Nombreux seront sans doute celles et ceux qui se seront frappés par la ressemblance, et la maîtrise, des riffs de guitare électrique ultra sexy à la Scorpions. Un rock fougueux et retentissant que l’on se plaît aussi à retrouver dans La Foudre, par exemple. Fidèle à elle-même, Fishbach ose, et se permet ces folies sans que cela ne soit jamais kitsch ou dépassé.

Des années 1980, la musicienne emprunte également à la pop exubérante. Ne soyez pas surpris si l’énergie de Catherine Ringer des Rita Mitsouko et l’esprit de Cambodia de Kim Wilde apparaissent en filigrane dans Téléportation ou Démodé. Avec de telles chansons, Fishbach nous prouve au contraire qu’elle appartient bel et bien au 21e siècle et qu’elle est plus que jamais une personne à la mode.

On salue par ailleurs la brève incursion de Fishbach la magicienne dans l’univers blues d’Elvis Presley. Sans transition aucune, elle nous offre sur un plateau d’argent la chanson Quitter la ville. Déroutante à la première écoute, la chanson s’expérimente ensuite comme un intermède ironique, presque lynchien.

Bref, celles et ceux qui connaissent déjà Fishbach grâce à son EP éponyme et à son disque À ta merci seront ravis de retrouver son imaginaire si riche et désinvolte qui se répand de la première à la dernière note d’Avec les yeux. Tu es en vie, entre autres, se comprend comme le miroir du magnifique Le Château. Alors qu’à l’époque elle nous faisait danser sur un titre qui évoque pourtant le suicide, elle célèbre désormais l’existence. «I believe in love, I believe in me», nous dit-elle.

Un peu comme un épais rideau de velours sombre tomberait sur la scène à la fin d’un mystérieux cabaret, Avec les yeux se referme avec des visions douces et hypnotiques pour nos sens. Dans Arabesques, la pièce finale, le clavier langoureux et la voix grave de Fishbach contrastent à nouveau avec un propos mélancolique, onirique.

Une suite fascinante!

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