Si vous êtes familiers avec la musique de Billie Eilish, eh bien, bonne nouvelle : vous devez forcément connaître (indirectement ou non) Finneas O’Connell, son frère et producteur attitré depuis ses débuts. En fait, ses travaux colossaux sur le dernier album de sa sœur, Hit Me Hard And Soft, un des meilleurs albums de l’année 2024, n’ont fait que confirmer son talent, nous livrant des productions grandioses et puissantes, telles que CHIHIRO et THE GREATEST, en passant par les succès LUNCH et BIRDS OF A FEATHER.

Pourtant, au-delà de son travail de producteur, Finneas n’en est pas à son premier rodéo pour la carrière solo! En effet, en 2024, le voilà de retour avec For Cryin’ Out Loud!, son nouvel album et troisième projet musical, faisant suite à Blood Harmony et Optimist. Ainsi, il nous revient avec un album minimaliste et résolument fidèle à son art, et l’auditeur comprend tout de suite que ce désir de simplicité et de naturel lui va comme un gant. Le début de l’album, en revanche, prend du temps à se former et à happer son auditeur, malgré quelques fulgurances çà et là. Par exemple, on retrouve une légère montée en pression sur la première piste, Starf*cker, même si celle-ci peine à nous gratifier avec un final satisfaisant. What’s It Gonna Take to Break Your Heart, avec ses accents indie-pop assumés, est résolument charmante, mais est quelque peu retenue par une certaine longueur.

De manière générale, on remarque que les morceaux plus entraînants se veulent beaucoup plus vivants et engageants que les ballades. Dans la lignée des chansons rythmées, Cleats est la première de ce genre, abordant le thème d’une amourette de jeunesse qui n’a pas porté ses fruits, avec des paroles nous plongeant dans un univers juvénile: « Maybe she’s a late bloomer // Maybe it’s a fake rumor // But you’ve got the same sense of humor as her. » Dans la même lignée, 2001 est un véritable appel à un roadtrip en voiture sur les côtes de la Gaspésie, les fenêtres baissées. C’est un morceau qui fait inévitablement sourire de par sa joie de vivre. Toujours du côté des points forts, Sweet Cherries, fidèle à son nom (et aussi ma piste préférée), est aussi douce qu’une cerise sous le soleil. Scindé en deux sections, le morceau se veut en premier lieu léger et séduisant, tandis que la deuxième partie, quoique plus mélancolique dans son interprétation, reste baignée de lumière, le tout étant maîtrisé de bout en bout. Je ne voulais pas faire de comparaison facile à Billie Eilish, mais ici, nous avons bel et bien affaire à L’AMOUR DE MA VIE, version Finneas.

Sur d’autres pistes, les ambiances sonores prennent le siège arrière pour laisser place à la voix de Finneas. Little Window se démarque par une envolée vocale, tout comme la piste finale, Lotus Eater, là où O’Connell se laisse aller à une performance torturée et passionnée. Dans de tels instants, sa voix se laisse valser entre la qualité des vocalistes de la scène indépendante (j’ai ressenti un peu de John Gourley du groupe Portugal. The Man dans l’interprétation) et l’intimité du chanteur DIY nous chantant un morceau à la guitare sur une terrasse en fin d’après-midi. C’est clair, net et efficace. Ce côté fragile revient également sur Family Feud, morceau qui se veut un hommage à sa sœur Billie. Même si la production se veut un peu trop discrète, cette introspection dans les paroles demeure rafraichissante de pudeur et d’honnêteté.

En résumé, bien que cet album soit très compétent et efficace dans son créneau, For Cryin’ Out Loud! se veut plutôt simple, direct et largement accessible, ce qui se veut un avantage comme un inconvénient, au risque de verser dans le générique. Néanmoins, Finneas a une idée claire de ce qu’il recherche comme ligne directrice, quoiqu’elle soit moins visionnaire que celle qu’il ait pu approfondir dans ses projets extérieurs. Mais au final, nous avons tout de même entre nos mains un bon projet d’indie pop, parfaitement convenable pour les nouveaux rayons de soleil automnaux d’octobre. J’ai bien hâte de siroter mon prochain latte épicé à la citrouille en écoutant Sweet Cherries.