Critiques

Fever Ray

Radical Romantics

  • Rabid
  • 2023
  • 44 minutes
7,5

Fever Ray en est à sa troisième incarnation. Le premier album, homonyme, était centré sur les rythmes quasi chamaniques. Plunge, paru en 2017, laissait de côté ces rythmes obscurs pour aller à fond dans les mélodies vocales. Radical Romantics est un peu l’entre-deux de ces deux propositions. Ancré dans des rythmes qui rappellent des cadences ésotériques, Karin Dreijer continue d’explorer des mélodies vocales plus pop.

Chaque album possède son visuel particulier. On se rappelle la scène surréelle qu’iel avait offerte lors d’une remise de prix suédoise, il y plus d’une dizaine d’années. Cette fois-ci, Fever Ray a décidé de se vautrer dans le grotesque d’un personnage qui semble un homme dont les meilleures années sont passées et qui s’est laissé aller un peu. Le tout pour chanter les chansons les plus langoureuses qu’iel ait composées depuis le début du projet.

On y retrouve avec plaisir son frère et partenaire dans The Knife, sur la sensuelle Kandy. Il faut dire que Radical Romantics semble dépeindre en général les tribulations d’une relation naissante. Ses folies, ses moments de grâces et ses envies charnelles sont au centre de la proposition. C’est le cas aussi sur Shiver qui est tournée vers le désir sexuel avec un angle foncièrement queer.

Il y a plusieurs pièces réussies sur Radical Romantics comme Looking for A Ghost avec ses rythmes intéressants. Il faut dire que Dreijer a un goût pour les sonorités atypiques et iel s’en sert pour créer les trames. Sans aller aussi loin qu’iel le faisait au sein de The Knife, elle ne reste pas dans les sonorités plus convenues.

Elle se permet quand même des moments beaucoup plus accessibles avec Carbon Dioxide qui est franchement dansante et qui incorpore des sonorités de cordes. Even It Out est aussi plutôt facile d’approche même si elle se campe beaucoup plus dans des sonorités rock.

La seule chanson qui est interminable est Bottom of the Ocean qui sonne comme un trip de drogue qui s’est rendu jusqu’à l’album. Tout le long, Fever Ray ne fait que faire des « oh » de pleins de manières différentes avec de légers changements et une sorte de mélodie vocale sur une trame vaporeuse. C’est drôle la première fois, mais à la troisième écoute, c’est déjà une pièce qu’on saute parce que bon, dans les faits, ce n’est pas très intéressant. Sans compter que c’est la chanson la plus longue de tout l’album à 7 minutes et 7 secondes.

Ce n’est pas l’album le plus aventureux de Fever Ray, mais ça confirme son talent de compositeur et sa capacité à faire de la pop alternative de qualité. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore le projet, ça peut être une bonne porte d’entrée.