Critiques

Feu! Chatterton

L’Oiseleur

  • Maison Barclay
  • 2018
  • 62 minutes
8
Le meilleur de lca

On l’attendait de pied ferme ce deuxième album du quintette parisien au lyrisme assumé. Après la parution du premier opus, Ici le jour (a tout enseveli), sorti en 2015 et tellement salué par la critique, est-ce que le groupe serait capable de relever ce défi du deuxième essai sans se répéter ? Le chanteur au look dandy assumé, Arthur Teboul et ses quatre acolytes nous épatent une fois de plus avec L’Oiseleur.

Un ambitieux parcours musical plus lumineux et spontané que le premier effort. On y constate même une belle progression : on sent la formation moins figée dans ses ambitions poétiques, plus ouverte à l’improvisation musicale.  Fervent de littérature, le talentueux chanteur est doté d’une finesse de plume. Encore des références littéraires sur ce disque : la pièce Zone Libre est une adaptation d’un texte de Louis Aragon.

Le chanteur à la voix suave, rocailleuse a toujours le verbe raffiné et poétique. Il raconte ses histoires dans un dialecte qui semble appartenir à une autre époque, avec un français si magnifiquement soigné. Il nous fait penser à Gainsbourg, Bashung ou Ferré, mais il est tout de même unique avec un côté plus actuel.  Les membres accompagnent parfaitement le chanteur-compositeur et on apprécie la variété des styles musicaux. La musique est tantôt classique, rock, pop, funk, jazz, électro… Ils ont cette grande capacité de changer de styles en étant complètement en harmonie avec la voix singulière d’Arthur.

Des pièces magnétiques sur ce second disque ? Tes yeux verts avec ses cordes orchestrales et son refrain intense. Grace, sur laquelle le chanteur passe d’un ton lyrique dans les couplets pour ensuite se donner à fond dans le refrain, on y remarque également le magnifique jeu de batterie. L’entraînante Ginger, avec ses allures disco, un peu rétro psychédéliques années 70. L’ivresse avec ses voix en écho qui sonnent un peu hip-hop. La belle ballade Souvenir avec son côté mélancolique et vaporeux. Deux pièces plus complexes qui demandent quelques écoutes pour les apprécier à leur juste valeur : la narrative Le départ, mettant en valeur un poème de Paul Éluard et Sari d’Orcino, avec ses claviers dissonants.

Feu ! Chatterton continue d’alterner savamment entre la poésie et le rock, entre le passé et le présent. Le groupe maîtrise son art à la perfection et d’une manière unique. L’Oiseleur est un album voluptueux, audacieux et complexe. Un chef-d’oeuvre musical qui se retrouvera immanquablement dans les incontournables de l’année. Magnifiquement fougueux et délicat à la fois!