Critiques

Father John Misty

God’s Favorite Customer

  • Sub Pop Records
  • 2018
  • 39 minutes
6,5

Josh Tillman a vécu bien des choses au cours des six dernières années, un parcours qui l’a vu plonger à pieds joints dans une aventure artistique en solo qui lui attire pas mal d’attention. Il y a assurément un prix à payer pour vivre si intensément, et dans son cas je devine que ça lui donne l’impression de vieillir à une vitesse fulgurante. Ça expliquerait que sa musique sonne plus que jamais comme celle que jouait la génération de nos parents (ou dans le cas de certains lecteurs, de nos grands-parents).

God’s Favorite Customer arrive juste un peu plus qu’un an après le lourd Pure Comedy, et ne pouvait pas rester chargé de la même misanthropie épuisante sans céder sous son propre poids. Après avoir intensément exprimé divers bouleversements, Tillman semble maintenant hésiter quant à ce qui sera sa prochaine cible. Il fait donc un petit pas vers l’arrière, devient moins direct et acerbe dans ses textes, et explore un peu plus à fond les possibilités du studio d’enregistrement.

Le collaborateur des albums précédents, Jonathan Wilson, est encore dans les parages pour cet album, mais c’est plutôt Jonathan Rado de Foxygen qui coréalise avec Tillman, et joue de plusieurs instruments sur plusieurs pièces. Wilson est un fidèle reproducteur des musiques de cocaïne de la Californie des années 70, et Rado a quant à lui une approche qui remonte une décennie plus loin, fortement influencée par les Stones, l’invasion britannique et les techniques de studio qui ont été maîtrisées par George Martin et Jeff Lynne.

Côté composition, les pièces sont souvent réduites à quelques idées, comme c’est le cas dans l’extrait Mr. Tillman. On a généralement droit à une mélodie finement ciselée, répétée plus qu’à son tour , et assise dans une réalisation soignée et une instrumentation variée, comme il nous y a habitués.

Vu d’un angle un peu sévère, on peut dire que FJM troque une sonorité cliché pour une autre qui l’est encore plus, dépouille ses chansons, et réduit l’intensité de son personnage pour se montrer un brin plus sincère et sérieux qu’à son habitude. Bref, tout ce qui le démarquait du lot est réduit, et le résultat sonne curieusement vieux et à la limite d’être fade.

Il y a quelques moments solides, dont l’humour de la susnommée Mr. Tillman, le mouvement qui soulève Disappointing Diamonds Are the Rarest of Them All et la voix belle et chaude de Tillman en général, accompagné de Weyes Blood en prime sur la pièce-titre. Ça fera quelques bons moments dans un setlist lors d’un festival quelconque à venir, mais ça ne sauve pas l’album, auquel je sens qu’on ne reviendra pas souvent.

 

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