Critiques

Erika Angell

The Obsession With Her Voice

  • Constellation Records
  • 2024
  • 46 minutes
7,5

Après s’être établie depuis presque deux décennies dans l’univers musical, et plus de dix ans de celui de Montréal, Erika Angell offre son tout premier album solo produit sous son propre nom. Évidemment, on la connaissait déjà pour ses innombrables collaborations, mais c’est plus précisément avec le duo art-rock Thus Owl que la chanteuse a pu démontrer l’étendue de son art dans les dernières années. La sortie de The Obsession With Her Voice, sous l’étiquette de Constellation Records, trouve tout à fait sa place aux côtés de projets où nul compromis n’est posé. Et comme de fait, l’artiste y reste à son tour fidèle.

Tomber dans l’univers d’Erika Angell est une expérience en soi. Une plongée en apnée oscillant tout à la fois vers une expédition géologique dans la grotte – j’ose croire – de son subconscient. Justement, l’incursion s‘amorce avec Dress of Stillness, un morceau dont les premières images et textures marquent immédiatement le ton de l’album. Les premières notes modulaires provenant d’un synthétiseur sont basses, grondantes. Quelques bruits en arrière-plan traversent en stéréo, façonnant délicatement cette enveloppe plutôt inquiétante qui rôdera tout au long des autres pièces.

Car oui : cet objet expérimental semble osciller entre plusieurs forces préoccupantes où les questionnements identitaires et féministes se fracassent auprès de compositions complexes. Sur German Singer, la voix soprano d’Angell qui scande une poésie relatant le désir de performer, a subi plusieurs traitements de filtres où on perçoit une directe affiliation aux œuvres de Meredith Monk. Ses prouesses vocales sont ludiques tout en étant déconcertantes à l’aide des textures réalisées par les lignes basses de synthés, mais aussi entre autres, par les percussions de Mili Hong et les arrangements de cordes de Jonathan Cayer.

Il faut s’attarder d’ailleurs sur ses arrangements de cordes qui accompagnent du début à la fin les textes de la chanteuse. Alors que le rôle d’Angell s’occupe de composer à l’aide de sa voix des couches où une espèce de forme organique inhumaine vit en dessous – Jonathan Cayer, lui – exerce une sorte d’ouverture avec ses lignes de violons. C’est lorsqu’on arrive au plus sombre, avec ce vrombissement constant derrière généré par les tambours ou les synthés, que la lumière surgit subitement. Temple, pièce qui clôt l’album, en est un bon exemple.

The Obsesssion With Her Voice possède cette caractéristique remarquable d’être insaisissable grâce à sa constante construction et transformation. L’entièreté de l’album se sculpte petit à petit – de façon excessive & vertigineuse – comme un morceau de matières malléable. On constate, avec évidence, la puissance d’Erika Angell dans l’exécution musicale d’un univers singulier.

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