Eiffel
Foule monstre
- PIAS
- 2013
- 62 minutes
Cette semaine, la formation française Eiffel, originaire de Bordeaux, lance au Québec son Foule monstre paru l’an dernier en France. Ce groupe résolument rock a été fondé en 1998 et est mené éloquemment (musicalement et littérairement parlant) par Romain Humeau. Eiffel revendique des influences aussi disparates que les Pixies (le nom du groupe est tiré de la chanson Alec Eiffel de la bande à Black Francis), Jacques Brel, les Stooges, XTC et Léo Ferré. Sans aucun doute, la filiation avec Noir Désir est incontestable… et ce, même si Humeau semble se lasser de cette comparaison.
Fort du succès du précédent effort titré À tout moment, Eiffel présente un rock incendiaire, contestataire, rassembleur et populaire. Sur ce Foule monstre, le quatuor y va d’une offrande exaltée par des textes poétiques et mordants; un peu à la manière d’un Bertrand Cantat. Quelques joyaux littéraires revendicateurs se glissent ça et là tout au long de l’opus; comme celui-ci: «Fils de moins que rien, d’un caniveau ou bien nés peau d’ange, peau de malin. Quel que soit le chemin, on prend toujours le même train.» Humeau sait jouer avec la langue française de façon convaincante faisant preuve d’un indéniable talent de parolier.
Au point de vue musical, ce rock galvanisé est fertilisé par des guitares électriques tranchantes, des acoustiques veloutées, des pianos, des cordes, des claviers, des rythmes électroniques, des émanations punk rock vieille école, des harmonies vocales aériennes, des bruits d’enfants de même que des chœurs chérubins. Un joyeux fourre-tout qui accentue le côté costaud, enflammé et mordant de cette sitedemo.cauction. Une création qui carbure à la ferveur.
Toutefois, ces indiscutables compétences camouflent une minuscule pelure de banane. Au niveau de la réalisation, cette conception sonore sonne sans conteste comme une tonne de brique, mais nous laisse une impression d’enflure et d’hypertrophie sonore, un peu comme ce que le pontifiant Muse peut souvent nous servir… Rien de bien nocif pour nos conduits auditifs, car les chansons offertes sur ce Foule monstre tiennent solidement la route.
Quelques déflagrations rock tonitruantes sont venues électriser votre modeste mélomane: la superbe et abrasive Chaos Of Myself (mettant en vedette Phoebe Killdeer), le folk-pop électro Foule monstre, la pamphlétaire Libre, la punk rock Frères ennemis, le crescendo décapant qui caractérise Chanson trouée, l’incassable Lust Of Power avec Betrand Cantat aux vocalises d’accompagnement et la sombre/acoustique Puerta Del Angel.
Au final, on peut affirmer sans se tromper qu’Eiffel prend la place laissée vacante par Noir Désir sur l’échiquier du rock français. Les Bordelais proposent un rock cultivé, mordant, poétique, costaud, impétueux et transporté par une fougue fédératrice que peu de groupes peuvent se targuer de détenir. Fervents de rock francophone explosif et lettré, ce disque est pour vous!
Ma note : 7/10
Eiffel
Foule monstre
PIAS
62 minutes
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