Duchess Says
Sciences Nouvelles
- Bonsound
- 2016
- 37 minutes
Une chose que j’aime beaucoup faire dans ma vie, c’est gosser ma petite soeur. Un genre de plaisir malsain lié à nos rivalités d’enfance, probablement. La meilleure façon de la faire grimper dans les rideaux en un temps record, c’est de faire jouer une chanson vraiment agressive à un bon volume. Plusieurs options s’offrent à moi dans un pareil cas et j’ai plusieurs fois fait le coup de glisser une toune de Deicide dans la traditionnelle playlist de souper. La technique la plus efficace à ce jour, c’est encore de faire jouer Tak Tak (alias Tenen Non Neu, alias la première toune du premier album) de Duchess Says. Au début, ça part avec un petit motif de batterie un brin dansant et une ligne de basse bien lourde de Phil Clément, mais rendue à une minute et demie, ça dérape comme le crisse, pis ça devient une expérience d’écoute très ardue pour quiconque n’est pas trop habitué à se la mener dure avec sa collection de vinyles ou son compte Spotify. Vous essaierez ça avec un convive relax qui tripe sur Bon Iver. Résultats garantis.
La raison pour laquelle je parle de cette chanson et de son intensité, c’est surtout parce qu’au départ v’là plus que 10 ans, y’avait rien pour battre l’énergie abrasive de ces nouveaux venus de la scène locale montréalaise toujours pleine de qualité, mais qui s’embourbait alors un brin dans la redite rock garage/indie et qui manquait cruellement de variété. J’ai été accro dès ma première écoute de Noviçiat Mère-Perruche et je ne peux plus compter sur les doigts de mes deux mains et mes deux pieds le nombre de fois que je les ai vus sur scène et le nombre de gens que j’ai rencontrés dans le contexte d’un show d’Annie et ses hommes (je viens-tu vraiment d’écrire ça?), y compris certains membres dudit groupe.
Vous l’aurez compris, j’attendais impatiemment ces Sciences Nouvelles. Chaque sortie d’album de Duchess Says est un événement (genre trois LP complets en 12-13 ans) que je savoure pleinement. Ce coup-ci, le groupe est en mode plus exploratoire et expérimental. Plusieurs pièces sont clairement des jams spontanés qui ont été légèrement, ou pas du tout, modifiés et structurés. On parle ici de Inertia Part II, Poubelle (nommée ainsi en l’honneur de l’un des instruments percussifs privilégiés pour la pièce), Talk In Shapes et la sombre conclusion de l’album: The Family Physicians, qui aurait pu sans problème se retrouver sur la trame sonore du film Videodrone de Cronenberg, si nous ne faisions pas face à un léger problème de type spatio-temporel.
Et quoi d’autre? Il y a bien sûr le hit néo new wave I Repeat Myself, qui est un croisement fort intéressant entre A Flock Of Seagulls, Siouxsie & The Banshees et Cyndi Lauper. Negative Thoughts, premier extrait partagé de l’album, est clairement dans mes favorites avec son petit ton menaçant et ses explosions de furie contrôlées. Évidemment, un album de la «duchesse» serait incomplet sans ce petit brûlot punk qui vient faire son petit tour pour foutre le bordel dans ton party. Ici, c’est Pink Coffin qui s’en charge. On l’avait déjà entendu sur le EP «split» avec Le Prince Harry, mais on ne se tanne pas pantoute et c’est un réenregistrement. Travailler, pièce issue du même EP, a subi le même traitement et on la retrouve elle aussi sur Sciences Nouvelles.
En fin de compte, on ne s’y emmerde pas une seconde et même si la meilleure «frontman» du Québec hurle moins qu’avant, on y retrouve une intensité une coche plus cérébrale. Le groupe continue de vieillir formidablement bien. Courez voir ça en show. Je vous jure qui y’a rien de plus le fun!
Ma note: 8,5/10
Duchess Says
Sciences Nouvelles
Bonsound
37 minutes