Critiques

Dope Body

Kunk

  • Drag City
  • 2015
  • 32 minutes
6

large_DopeBody_KUNKAvec ses albums précédents, Dope Body nous a habitués aux rythmes qui tapent fort, aux grooves primitifs et aux riffs de guitares acidulés, dans un genre aussi familier que déroutant. Avec ce nouvel album, le deuxième en à peine quatorze mois, la troupe de Baltimore délaisse le familier et met une forte emphase sur le déroutant.

Dès la première seconde, Kunk commence comme si le ruban avait été retenu par une main, puis était relâché, comme si l’album avait commencé sans nous et nous remarquait à peine. Ça donne dès le départ une curieuse impression d’être un auditeur intrus, exposé à cette musique sans y avoir été invité. Cette impression sera maintenue pendant la majeure partie de l’album.

Ce qu’il faut savoir de Kunk, c’est qu’il provient d’improvisations qui ont été captées pendant l’enregistrement de l’album précédent, le réjouissant Lifer. C’est donc un album difforme de par sa nature, sans riffs clairs, où le guitariste Zachary Utz «s’auto-sample» et couche des motifs sonores sur la structure parfois assurée, parfois hésitante de la section rythmique. Ces bruits de guitare ressemblent plus à des sirènes, à des grincements de machines ou à des flatulences qu’à la présence rock baveuse qu’Utz prend habituellement dans le groupe.

Toute improvisation est risquée de nature, mais quand ce procédé fait mouche, ça peut être fascinant. Ça arrive ici et là sur Kunk. Dans les pièces Goon Line et Old Grey, la forme à laquelle Dope Body nous a habitués fait surface et s’élève partiellement au-dessus de la flaque sonore ambiante. Ces morceaux semblent déséquilibrés à première écoute, mais laissent deviner un savoir-faire subversif avec le temps. C’est cependant avec Obey et l’imposante finale de Void que Dope Body nous donne un vrai bon aperçu de ce qu’aurait pu être un excellent album d’improvisations. Obey est sinueuse et séductrice, Void est cathartique et extrêmement énergique.

Le reste de ce court album est généralement mou et a clairement fait l’objet d’un minimum de réflexion. Certaines compositions font à peine figure d’interlude, commencent et s’arrêtent subitement. Souhaitons que le quatuor ait simplement eu besoin de briser la routine pour faire sortir le méchant et qu’il nous offrira quelque chose de plus consistant la prochaine fois.

Ma note: 6/10

Dope Body
Kunk
Drag City
32 minutes

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