Critiques

Digit: Missile Command

Epoxy Destroy

  • A Billion Records
  • 2014
  • 32 minutes
7

a1791810211_10Digit: Missile Command est un projet d’électro-rap expérimental mené par Yann Godbout. Cet habitué de la scène musicale montréalaise est aussi l’architecte d’A Billion Records, maison de Lucy Loves Lenin, Ultraptérodactyle, Buddy McNeil & The Magic Mirrors et Vulgar, You! Au cours de l’année 2013, celui-ci avait fait paraître Dents, les dents ainsi qu’un album de Noël.

L’hyperactivité tient d’ailleurs une place de choix dans la musique de D: MC. Sur Epoxy Destroy, Godbout est en quelque sorte un miroir d’une époque qui a le zapping rapide et qui roule constamment à 200 km/h. N’en déduisez pas pour autant que ce soit totalement incohérent. Au contraire, le résultat est étonnement conséquent d’un bout à l’autre de la galette.

Godbout est à géométrie variable à tous les niveaux. La pièce qui ouvre Epoxy Destroy titrée Boire de l’eau-delà voit Godbout chanter une mélodie accrocheuse sur des arrangements intéressants accompagnés d’un gros fuzz de synthétiseurs qui n’abandonne pratiquement jamais son poste. Le rock tient une place importante dans la façon de composer de D: MC, qui est plus près de Die Antwoord que de Tupac et la pièce titrée Le meilleur des mondes possibles le prouve avec aplomb.

La poésie de Godbout est plutôt simple, mais profite de son talent pour les jeux de mots savoureux: «Je m’empiffre le porcinet dans un McCafé de Villeray/Je ne fais qu’une bouchée de toutes vos menus valeurs/À défaut de pouvoir repartir à zéro/Je me trouve un nouvel embonpoint de départ». Avec sa pièce-titre D: MC fait un portrait ironique d’une époque où le manichéisme est roi et où il n’est pas facile de vivre son rêve; une pièce qui vaut le détour. Dans la même veine, Beauté, jeunesse, sex-appeal est tout aussi intéressante avec ses rythmes syncopés.

Epoxy Destroy n’est pas parfait, certaines pièces tombent un peu plus à plat, mais dans l’ensemble, c’est un album qui mérite d’être entendu. Ce qui est le plus surprenant de la part de Godbout est l’énergie de fête qu’il réussit à insuffler à sa galette. S’il livre sur scène tout aussi habilement que sur album, je vous assure que vous voudrez voir ça! Epoxy Destroy est le genre d’album que vous voudrez vous mettre dans les oreilles lorsque vous irez jogger… et vous finirez votre parcours avec un sourire aux lèvres.

Ma note: 7/10

Digit: Missile Command
Epoxy Destroy
A Billion Records
32 minutes

digitmissilecommand.bandcamp.com/album/epoxy-destroy-2

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