Die Spitz
Something to Consume
- Third Man Records
- 2025
- 34 minutes
« Le rock est mort! » Voilà une phrase que bien des vieux croûtons ont dite dans leur vie alors qu’ils se rattachent à la nostalgie de leur jeunesse. Et pourtant. Ceux qui ont assisté au concert de Deftones dernièrement ont compris que les jeunes trippent sur ça. Il y a aussi une mode shoegaze importante sur TikTok et il y a des groupes comme Die Spitz. Un nom qui signifique « les tranchantes ». Difficile à classer, la formation d’Austin au Texas est 33% rock, 33% riot girl, 15 % métal, 15% punk-rock et 4% shoegaze. Le quatuor féminin n’hésite pas à mélanger les genres, à refuser les carcans et livrer des riffs d’une lourdeur appréciable. Ça fait parfois penser à Hole autant dans l’attitude que dans la livraison. Mais c’est souvent plus lourd.
Something to Consume, premier album de la joyeuse bande, ne fait pas dans la dentelle. C’est lourd, c’est fâché et surtout bien composé. Ce n’est pas pour rien que la formation est signée chez Third Man Records de Jack White. Ça vous dit déjà que les guitaristes savent ce qu’elles font avec leur instrument. Sur l’album, Die Spitz nous démontre toute l’étendue de sa palette sonore et son absence de gêne à transgresser les genres, à mélanger les styles pour arriver à une proposition efficace. Parce que c’est d’abord la chanson et les arrangements qui semblent motiver les choix.
À cet effet, la chanson qui ouvre Something to Consume s’intitule Pop Punk Anthem (Sorry for the Delay). La pièce, comme son nom l’indique, est un habile mélange de punk-rock et de shoegaze. Le passage d’un type de sonorité à l’autre ne brusque pas. Tout est fait avec doigté et intelligence musicale. Voir Dire qui suit est aussi plutôt pop-rock avec des guitares un peu plus grinçantes. Mais ça demeure très facile d’approche. Puis, ça se corse avec l’excellente Throw Yourself to the Sword, qui est résolument métal. C’est lourd, c’est carré, idéal pour headbanger dans ton salon. La pièce intègre aussi des paroles assez « dans ta face » qui n’est pas sans rappeler l’ego présent dans le rap:
Throw yourself to the sword
Take what’s mine, then I take two times more
Give yourself to my sheath
What’s it like knowing, none of you bitches can compete?
Uh
Uh
What’s it like?
What’s it like?
— Throw Yourself to the Sword
Ce n’est pas le seule pièce plus lourde de tout ça. Il y a Sound to No One qui a visiblement été inspiré par le jeu de guitare d’Adam Jones de Tool. Punisher pour sa part s’inspire du rock emo sans vraiment complètement y plonger. Mais l’influence qu’on entend le plus sur Something to Consume est celle d’Hole. Que ce soit à travers American Porn, Red40 ou encore Down on It, il y a l’énergie d’une Courtney Love qui motive tout ça. Ce n’est pas surprenant que le groupe ait fait les premières partie de groupe comme Amyl and the Sniffers.
Bref, Die Spitz est un excellent petit band qui mélange les genres et qui plaira aux non-puristes. Et qui fera mentir ceux qui clament que le rock est mort. Non, y a juste Elvis qui est mort (ou sur une île avec Jim Morrison à se la couler douce).