Critiques

Dany Placard

J’connais rien à l’astronomie

  • Simone Records
  • 2020
  • 36 minutes
7,5

Dany Placard est plus connu pour son folk, tant dans ses projets qu’il a fait avec Carl-Éric Hudon ou son groupe Plywood 3/4. En solo, il nous a donné Démon vert qui était dans cette lignée. Avec son dernier Full Face paru en 2017, il s’est éloigné du style qui avait fait auparavant sa renommée en allant fouiller du côté des synthétiseurs.

Dans son nouvel album, J’connais rien à l’astronomie, il change complètement d’univers sonore. Dès les premières notes avec le solo de guitare de There Was a Friend (part 1), on comprend où Placard veut nous emmener. Cette direction est pas mal plus proche de Pink Floyd et de King Gizzard & The Lizard Wizard que du folk. Sauf une, toutes les chansons durent plus de quatre minutes et ont souvent des longues intros. Oui, oui, Placard y est plus psychédélique que ténébreux!

Donc, cette proposition est un bel exercice de style. Placard le pousse jusqu’au bout dans la majorité des pièces avec bonheur. Pulperie le démontre bien. La chanson raconte un trip de mush qui devient de plus en plus bizarre au fur et à mesure que progresse la chanson. Avec le synthétiseur au milieu du morceau, on ressent vraiment l’impression de planer. C’est à la fois incroyable et très amusant. Les deux pièces qui ouvrent l’album donnent bien le ton aussi. There Was a Friend est séparée en deux. La première partie est instrumentale, avec de grosses envolées de guitare et de puissants extraits de batterie. La deuxième partie laisse toute la place au psychédélique. Elle est plus planante. Maman est aussi un bijou du genre, tant par sa durée – neuf minutes, quand même – que par l’évolution se passant dans la pièce.

Il y a des chansons plus rock sur ce disque. Tu me manques est une chanson d’amour tirant vers la power pop. Elle est très accrocheuse avec son refrain chanté, très entraînant. Ce serait facilement le genre de chanson qu’on entonnerait avec conviction dans un spectacle. Placard a rarement réalisé de la musique de ce type pour son propre matériel. La pièce Plancher est très proche de l’esprit de Full Face, avec le même type d’instrumentation et d’arrangements. Son texte est très touchant, mais la musique s’écarte un peu de la proposition initiale, ce qui la rend soudainement moins intéressante. Le lièvre a un peu le même problème. C’est une alliance entre ce son de l’album précédent et le ton plus flyé de celui-ci, mais qui manque un peu d’ajustements. On sent la volonté de surprendre: notamment, le texte est beaucoup plus déclamé que chanté. Par contre, il manque un peu de liant pour que ça fonctionne vraiment sans que cela ressemble à une rupture de ton.

Comme dit plus haut, J’connais rien à l’astronomie est très inspiré du rock progressif à la Pink Floyd. La modernisation de cette musique n’a rien de neuf: King Gizzard le fait très bien. L’album de Placard vaut cependant l’écoute parce qu’il a réussi à mettre ce style à sa main et d’y insuffler son âme, malgré tout.

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