Critiques

Dan Deacon

Gliss Riffer

  • Domino Records
  • 2015
  • 44 minutes
8
Le meilleur de lca

Dan DeaconDan Deacon effectue un grand retour avec ce Gliss Riffer. Album suivant le conceptuel et excellent America, que pouvait bien nous réserver Deacon? Et bien du gros plaisir et de l’accessibilité. Est-ce le fait que nous sommes en 2015 et que l’évolution de la musique fait en sorte que ce que notre homme nous propose devient plus rassembleur ou est-ce que ce Gliss Riffer serait le disque le plus pop de Deacon? Et bien un peu des deux, je crois.

En dix ans de carrière, on sent un Deacon qui s’approche près d’un certain objectif, celui de bien résumer toutes ses orientations sonores sur une même galette. À l’écoute de l’album Bromst, paru en 2007, certaines oreilles pouvaient grincer. Aujourd’hui, ce Gliss Riffer frappe dans le mille dans sa mission de rallier plus de gens dans son sillon. Pourquoi? La durée de l’album plus que convenable (quarante-quatre minutes – semblable au vinyle), les pièces concises toutes bonnes ainsi que l’éventail du talent de Deacon proposée sur cet opus.

L’album ouvre avec probablement la pièce la plus pop du répertoire de Deacon. Feel The Lightning s’avère efficace avec son refrain accrocheur et met la table pour ce qui suit. Sheathed Wings nous ramène en terrain connu avec les rythmiques saccadées, autant au niveau percussif qu’au niveau des inflexions vocales propres à l’artiste. When I Was Done Dying et ses influences persistantes Eno-esque (époque Taking Tiger Mountain By Strategy) se révèle simplement magistral. On en sort agréablement étourdi. Les perles Meme Generator et Learning To Relax se révèlent comme étant des pièces dans la pure tradition Deacon, mais qui trouveront preneur beaucoup plus facilement qu’autrefois (attendez-vous à les entendre dans une publicité). Que dire de Mind On Fire? Efficace à souhait autant que l’impressionnante Take It To The Max qui nous présente l’étendue musicale complète de Deacon en nous faisant voyager de Tangerine Dream à Steve Reich. Pièce majeure et exercice de style réussi!

Il semble qu’il y ait toujours eu quelque chose de punk dans la démarche artistique de Deacon et qui définit bien son style. Difficilement catégorisable et surtout axé sur une possible approche DIY, il en ressort néanmoins une démarche artistique très organisée. Dan Deacon est clairement un musicien académique. On saisit bien toute cette habileté sur Gliss Riffer et l’artiste livre admirablement bien cette impression à l’auditeur. Deacon excelle dans la maîtrise de la musique, contrairement à certains de ses pairs, et cette illusion «DIY» est décidément le fruit d’un érudit. Il s’agit d’écouter les pièces Take It To The Max et la splendide Steely Blues pour en saisir toute la subtilité.

La démarche de Deacon se raffine toujours un peu plus et force est d’admettre que Gliss Riffer semble être son œuvre la plus aboutie et qui pourrait l’amener à être un des artistes les plus en vue de la musique électronique. D’ailleurs devrait-il être classé «musique électronique»? Dan Deacon est plutôt un artiste à part. Assurément.

Ma note: 8/10

Dan Deacon
Gliss Riffer
Domino Recording
44 mnutes

http://www.dandeacon.com

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