Critiques

Curtis Harding

If Words Were Flowers

  • Anti- Records
  • 2022
  • 41 minutes
7,5

Le 5 novembre dernier, le chanteur et compositeur américain Curtis Harding est revenu avec If Words Were Flowers, troisième album percutant dans lequel le natif du Michigan perfectionne sa formule de « slop n’soul » jusqu’à de nouveaux sommets.

Actif depuis 2014, avec la parution de Soul Power, Harding n’a fait qu’approfondir le mélange des genres auquel il procède entre blues, gospel, rock psychédélique, R&B, rock…

If Words Were Flowers se présente comme la somme des recherches d’Harding, plus que jamais en mesure – après presque dix ans de carrière et de performances – de proposer une musique électrique, revigorante, groovy. En bon soulman, il propose ici un disque joyeux, aux ambiances chaudes et colorées.

Dès le premier titre éponyme, nous sommes accueillis par un choeur de gospel que l’on retrouvera par la suite sur des titres comme Hopeful, véritable démonstration de maîtrise soul ou I Won’t Let You Down, pièce finale et meilleur titre de l’album, avec de puissants couplets et un refrain efficace enrichi d’une superbe mélodie à la guitare.

La chaleur étant l’idée dominante du projet, cela a conduit une grande uniformité des compositions et des thèmes. En effet, écrit dans un contexte marqué par la crise sanitaire (ayant plusieurs fois délayé l’enregistrement de l’album), l’affaire George Floyd et le climat racial et politique aux États-Unis, le message d’Harding sur cet album demeure très simple : aimer ses proches, aimer, aimer… avec une surprenante naïveté se dire que tout va bien :

« Take your time

And don’t worry baby

Everything is fine

Even here lately »

– I Won’t Let You Down

Même si Harding parvient rarement à diversifier son approche lyrique et la structure de ses morceaux, pas de surprise de ce côté-là, on prendra cependant du plaisir au milieu de cette homogénéité flagrante.

Harding se débrouille toutefois pour varier sensiblement les plaisirs en modifiant parfois l’inspiration principale de ses morceaux : ainsi le psychédélisme de The One et le caractère lointain, distordu et métallique des guitares, contraste avec l’ambiance R&B nocturne de It’s a Wonder. De même, le caractère jazz progressif/ psychédélique d’ Explore vient apporter une tonalité différente entre With you, ballade plus légère incorporant un léger violon et une absence de percussion – c’est la seule pièce où la batterie est muette – et Where’s the Love, autre pièce importante de l’album, concentrant à elle seule les interrogations d’Harding. Ce dernier titre contient, plus qu’ailleurs, une prestation vocale qui parvient à accomplir sa mission : Harding sait par sa voix comment faire passer des émotions, des sensations et envelopper son auditeur dans une atmosphère particulière. Il est vocalement irréprochable et nous n’en attendions pas moins de sa part sur cet aspect.

Très agréable à écouter, dansant, cuivré, If Words Were Flowers ne permettra certainement pas à Harding d’élargir son auditoire, sa recette demeurant identique à celle de ses deux précédents disques. Cependant, son caractère généreux et son message euphorique pourraient bien être exactement ce dont nous avons besoin pour passer l’hiver.

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