Critiques

Cult Of Luna

Vertikal

  • Tonteknik Recordings
  • 2013
  • 67 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Cult Of Luna_Vertikal_CDLa formation suédoise de post-métal Cult Of Luna fait clairement dans la «catharsis gravée sur disque». Ses exercices de style Salvation, Somewhere Along The Highway et Eternal Kingdom, ont déterminé un nouvel étalon dans la musique lourde aux structures complexes. La mort d’ISIS en 2010 leur a peut-être donné davantage de place sur cette scène, mais ça c’est un autre débat.

Cult Of Luna est revenu avec Vertikal tôt en 2013, une première création depuis 2008. Sur le fond, peu de nouveautés: la troupe fonde aussi cet essai musical sur un film de Fritz Lang (cette fois c’est Metropolis qui date de 1927) et sa formation exhaustive demeure presqu’intacte avec ses deux batteurs, trois guitaristes, un bassiste et un bidouilleur. Seul le chanteur Klas Rydberg a quitté le navire, laissant désormais toute la place au chant éraillé de Johannes Persson.

Sur la forme, les sept musiciens nous amènent, avec Vertikal, à des lieux de Eternal Kingdom, album disons-le, le plus terne de leurs récents efforts. L’imaginaire mécaniciste de Lang y est exploité à merveille par la combinaison fortuite d’un son chirurgical et d’une exécution clinique: c’est froid, c’est tranchant et sans hésitation. La structure de l’album, lorsqu’on s’y attarde, complète l’expérience d’écoute: les morceaux s’enchevêtrent parfaitement contribuant tous à la trame narrative et à son climax. Autre curiosité, les riffs – plus complexes et moins répétitifs que sur les précédents albums – évoquent par moments une influence sludge non-négligeable.

Pour son calque de l’œuvre de Lang, certains parleront d’album-concept, expression que je n’aime pas beaucoup, sachez-le. Je serais plutôt d’avis pour parler d’une variation sur un même thème: quelque chose comme la réciprocité instrumentale entre l’homme et la machine. D’ailleurs, si Cult Of Luna a toujours intégré des éléments synthétiques à sa musique c’est sur Vertikal qu’ils se déploient comme un réel apport au sitedemo.cauit fini. C’est sur ces ambiances électroniques diffuses que sont élaborées les charges, comme autant de murs, de guitare et de cris éraillés, ce qui, faut-il le rappeler, fait la renommée du groupe.

Sur Vertikal, il y a des moments très Cult Of Luna, comme les titres I, The Weapon, In Awe Of ou Disharmonia, morceaux où l’amateur reconnaîtra la formule, quoique renouvelée. Ces pièces sont le ciment de l’album, celui qui remplit la structure en acier.

L’armature métallique, on la retrouve dans l’édifice de Vertikal, dans ces moments transitoires et dans ce grand mouvement qu’est Vicarious Redemption. Ce morceau de plus de dix-huit minutes compile tous les éléments de tension de l’opus, c’est son infrastructure (Marx sort de ce texte) sur laquelle sera érigée cette ville de sons – avec ses gratte-ciels de fréquences – et la rudesse de son pouvoir central (métaphore de mon cru pour exprimer la violence qui émane des textes et de la voix).

Bref, tout ça pour dire que Cult Of Luna s’installe sérieusement au sommet de ces groupes sans compromis, intelligents autant qu’abrasifs, qui déconstruit un genre, en ajoutant toujours plus de guitares barytones dans leur sitedemo.cauction!

J’aime cet album. Il m’entraîne quelque part dans un Berlin de la République de Weimar pré-incendie du Reichstag. Il me fait réfléchir à la mécanique de nos vies et à la brutalité d’un système répressif basée sur la domination technologique. Il s’agit d’un grand album de Cult Of Luna.

Ma note : 8.5/10

Cult of Luna
Vertikal
Tonteknik Recordings
67 minutes

cultofluna.com/

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=WPJoge1wDs4[/youtube]

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