WD-40
La nuit juste après le déluge…
- Papa Richard
- 2017
- 31 minutes
Après 11 ans d’absence, LE groupe culte par excellence du Québec est de retour sur disque. Qui l’eût cru ? Malgré les excès, les doutes, les tourments et les jobbines, WD40 persiste et signe avec un nouvel album intitulé La nuit juste après le déluge… Une référence au légendaire déluge saguenéen qui s’est sitedemo.cauit en juillet 1996, mais pour Jones, le déluge porte une signification plus personnelle.
Se sentant à l’époque incompris dans son Chicoutimi natal, Jones s’est exilé à un tout jeune âge, dès qu’il en a eu l’occasion. Installé à Montréal, le bonhomme a trimballé sa tronche patibulaire et sa basse au sein de diverses formations avant de former WD40 « juste pour le fun », comme il le dit lui-même si bien. Après un Saint-Panache réussi, paru en 2006 sous la supervision d’Éric Goulet, nos rockeurs ont dû prendre une longue pause. Déçu de « l’industrie du disque » – et probablement d’eux-mêmes – nos rockeurs ont dû se rendre à l’évidence que leur « tout pour le rock » emblématique avait atteint ses limites.
Mais on n’extermine pas des rockeurs à la couenne dure avec autant de facilité. Grâce à une campagne de financement couronnée de succès – le groupe a amassé près de 10 000 $ – c’est avec un enthousiasme quasi juvénile que les salopards sont de retour avec un maudit bon disque, anachronique par moments, mais « drette dessus » quand même.
Toujours ce simple, mais habile mélange de country, de surf rock et de punk; une musique narrée simplement par Jones. Cette fois-ci, l’auteur propose des textes plus personnels et moins « humoristiques ». Dans l’excellente L’enfer est intime, Jones nous rappelle avec justesse que même si on essaie souvent de fuir certaines zones d’ombres, la réalité nous ramène toujours à nous-mêmes, à ce que nous sommes réellement : « Mais que restera-t-il de nous lorsque la neige aura fondu ? / Serons-nous toujours debout ou amers de nos vécus ? / Tous ces souvenirs qui me reviennent sont maudits / Toujours encore les mêmes problèmes à l’infini ».
Après 25 ans d’intégrité absolue et de démesures de toutes sortes, je salue le courage de ce groupe qui persévère avec une authenticité émouvante. Bref, les retrouvailles sont touchantes et réussies, malgré les relents forcément nostalgiques de la musique de WD40.
Les meilleurs moments ? La country-punk La mer des tourments, l’apport du banjo dans De Passage, le rockabilly aux accents surf intitulé La Forêt ainsi que la conclusive Winnebago. Les mots directs et francs de Jones, combinés au country-punk rock de camionnette suggéré depuis des lustres par le groupe, émeuvent sincèrement… même en 2017. J’ai un profond respect pour ces vaillants salopards. À écouter avec une petite frette bien en main un vendredi soir… avant d’aller veiller !
Ma note: 7/10
WD40
La mort juste après le déluge…
Papa Richard
31 minutes