Sam Smith
The Thrill of it All
- Capitol Records
- 2017
- 35 minutes
Sam Smith a la réputation de chanter pour les cœurs brisés avec beaucoup de justesse. Les ballades de In the Lonely Hour, paru en 2014, en avaient fait frémir plus d’un. Je pense à Stay With me ou I’m not the Only One. Pour Smith, chanter l’amour écorché, c’est sa marque de commerce. Son dada. Le bagage émotionnel y est pour beaucoup, je vous dirais. Ça s’entend derrière le timbre vocal en falsetto de l’anglais. Trois années ont passé, depuis. Qu’en est-il du nouvel opus The Thrill of it All?
L’album s’ouvre sur le simple très populaire à ce jour Too Good at Goodbyes. Les notes au piano donnent de sacrés frissons. Smith se confie à propos d’une rupture récente. Sous des claquements de doigts, le refrain se lève:
But every time you hurt me, the less that I cry
And every time you leave me, the quicker these tears dry
And every time you walk out, the less I love you
Baby, we don’t stand a chance, it’s sad but it’s true
I’m way too good at goodbyes (I’m way too good at goodbyes)
I’m way too good at goodbyes (I’m way too good at goodbyes)
– Too Good at Goodbyes
Paroles percutantes, il ne va sans dire. Les chœurs derrière donnent une belle valeur à la voix pure de l’Anglais. L’émotion y est. Too Good at Goodbyes est une pièce déchirante. Say it First suit sous des arrangements house minimalistes. La voix de Smith épouse l’instrumentation. Le tout est bien accordé et finement produit. Élégant. Tandis que sur HIM, on délaisse les textes saupoudrés à l’eau de rose. Le Londonien démontre une belle profondeur et maturité en évoquant son homosexualité : « It is him I love/don’t you try and tell me that God doesn’t care for us ». Un peu de renouveau dans la démarche artistique de l’Anglais qui, ma foi, ne fait pas de tort.
Cependant, dans l’ensemble, le nouveau disque de Smith manque d’homogénéité. La piste Pray est bancale quant à l’ambiance générale des chansons. La voix de l’Anglais s’acharne un peu trop sur des arrangements musicaux pas très impressionnants. On parle ici d’un piano mêlé à des bidouillages électroniques boiteux. Rappelons que Pray a été produite par Timbaland (Pharell Williams, Beyoncé). Quant à Scars, la pièce tombe rapidement dans le cliché sous des grattements de guitare pas très convaincants. Un changement, oui, mais on s’éloigne beaucoup trop des terrains bien balisés en début de disque. Ce qui est bien dommage.
Tout compte fait, il est clair d’affirmer que The Thrill of it All est un véritable travail de redéfinition pour Sam Smith. On essaie des nouvelles choses, on rapièce des éléments ensemble, on expérimente. Par contre, musicalement, ça manque de cohésion. Les sonorités n’ont rien de révolutionnaires…s’en est agaçant et redondant. Dans tous les cas, la nouvelle galette de Smith n’est pas un échec total…Elle est juste facilement oubliable.
Ma note : 5.5/10
Sam Smith
The Thrill of it All
Capitol Records
35 minutes