Myrkur
Mareridt
- Relapse Records
- 2017
- 39 minutes
Myrkur veut dire « noirceur » en islandais. Pourtant le projet de la danoise Amalie Brunn n’est pas que constitué des travers sombres de l’humain. La jeune femme à la voix angélique et fantomatique lance son deuxième album nommé Mareridt. Celle-ci possède un parcours particulier. Cette guitariste et pianiste accomplie a d’abord fait partie du groupe Ex Cops. Puis, elle a bifurqué vers le black métal lorsqu’il a été question de composer en solo. Cela lui a valu les foudres des puristes du genre parce qu’elle venait du monde de la pop. Il faut dire qu’il existe parmi les puristes du black métal de nombreux misogynes et racistes… rien pour aider la cause. Heureusement, Brunn a la couenne dure et elle persévère.
M, paru en 2015, avait déjà envoyé un message clair sur les influences de Myrkur. On se trouve face à un black métal influencé par le folk métal, les musiques celtiques, la musique pop. Mareridt, qui signifie « cauchemar », continue dans la veine creusée par le précédent microsillon. Sur ce nouvel album, elle continue de chercher des sonorités du terroir scandinaves et utilise notamment de la nyckelharpa, une ancienne harpe à clé suédoise et le kulning, un chant pour rameuter le bétail. Bref, il y a un petit quelque chose du terroir scandinave dans sa musique.
D’ailleurs, la Norvège vient sur le sujet dans la sublime Ulvinde qui traite de la noirceur du passé. C’est particulièrement troublant comment Brunn utilise les sombres imageries pour parler de cette patrie. Musicalement, on se fait percuter par un black métal assez classique et mélodieux doublé d’un refrain des plus épiques. Lorsque les voix chorales chantent : « Norge », on se sent aspiré vers les cieux. Brunn est capable du plus brutal comme le démontre Måneblôt qui démarre sur une puissante charge de guitare distorsionnée à saturation. C’est aussi là la force de Myrkur, qui chante d’une voix légère et éthérée par dessus la brutalité du riff.
Elle nous offre aussi sur Mareridt un duo particulièrement délicieux. Chelsea Wolfe la rejoint sur Funeral. Le duo est aussi noir que mélodieux. Ça fonctionne très bien. Elleskudt livre plutôt un black métal qui tire de lourdes influences du folk métal. Myrkur est quand même un peu effrayante. Particulièrement sur Børnehjem, qui veut dire « orphelinat », qui clôt l’album. On entend une jeune fille parler de démon avec une voix proche de celle de Yolandi (Die Antwoord). Disons que ce n’est pas la chose idéale à écouter avant de se coucher.
Mareridt est un deuxième album tout à fait réussi pour Myrkur. Amalie Brunn est l’une des voix rafraîchissantes dans le black métal, qui avouons-le franchement, était pas mal trop la chasse gardée des hommes. Son mélange efficace de black métal et d’influences extérieurs contribue à renouveler le genre.
Ma note: 7,5/10
Myrkur
Mareridt
Relapse Records
39 minutes