King Gizzard and the Lizard Wizard
Flying Microtonal Banana
- ATO Records
- 2017
- 41 minutes
Avec 8 albums à son actif depuis 2011, la formation King Gizzard & The Lizard Wizard est l’un des groupes rock parmi les plus intéressants à l’heure actuelle. L’an dernier, les Australiens avaient fait paraître l’un des bons albums de 2016 : Nonagon Infinity. Fidèle à son habitude, la bande menée par Stu Mackenzie s’était donné un objectif fort intéressant : créer un album sans fin où les pièces s’imbriquent parfaitement les unes aux autres; un album qui s’écoute en boucle… littéralement !
Cette fois-ci, le défi est différent et gigantesque. Le septuor présentera cinq albums au cours de la prochaine année (vous avez bien lu), tous joués sur des instruments accordés de manière microtonale. Seuls un technicien ou un « freak » peuvent comprendre de quoi il en retourne. En gros, cette technique consiste à exploiter toutes les notes plus petites qu’un demi-ton. D’origine grecque, ce procédé obscur est difficilement perceptible pour le mélomane de cœur peu porté sur ce genre de démarche… et j’appartiens à cette catégorie.
Cela dit, King Gizzard & The Lizard Wizard est l’un des groupes qui m’impressionnent le plus par les temps qui courent. Se mettant en danger constamment, les « poteux » (car on parle ici d’un groupe rock psyché) font toujours preuve d’une virtuosité hors du commun tout en demeurant accessibles. Bref, ça donne envie de les suivre pendant de nombreuses années.
Voilà que paraissait la semaine dernière Flying Microtonal Banana et, de nouveau, les jeunes salopards émerveillent. Comparativement à Nonagon Infinity, les chansons sont plus paisibles, même si on retrouve toujours ces riffs nerveux qui font la renommée du groupe. Je pense immédiatement à Open Water qui, avec son penchant nord-africain, en impose dès les premières mesures. Les rythmes sont également plus complexes qu’à l’accoutumée, toutes proportions gardées. Si on ajoute à toute cette mixture des claviers aux accents moyenâgeux, on a dans les oreilles une galette rock de haut niveau.
En plus d’expérimenter, King Gizzard & The Lizard Wizard évite l’intellectualisme et l’hermétisme. Ce sont les efficaces mélodies du druide en chef, Stu Mackenzie, qui font toute la différence. En plus d’Open Water, l’entrée en matière titrée Rattlesnake fascine autant par sa simplicité que par son impact mélodique. Le périple dans les terres caribéennes, intitulé Melting, est d’une indéniable originalité. Doom City est totalement hypnotique. Et que dire de la pièce titre qui conclut ce disque ? On est catapulté directement en Afrique du Nord avec l’impression d’avoir à ses côtés un chaman pourvoyeur de substances hallucinogènes.
Avec cinq disques à paraître, il sera difficile pour King Gizzard & the Lizard Wizard d’atteindre les hauts standards créatifs établis avec Nonagon Infinity et ce superbe Flying Microtonal Banana. Le fanatique que je suis sera comblé par autant de sitedemo.cauctivité, mais le critique, lui, n’est pas certain qu’il réussira à suivre le rythme. Qu’à cela ne tienne, même si l’âge d’or du rock est bel et bien révolu, il y a encore de ces groupes qui épatent… et King Gizzard & the Lizard Wizard fait assurément partie des meilleurs du genre.