Critiques

Evan Caminiti

Toxic City Music

  • Dust Editions
  • 2017
  • 36 minutes
7

Evan Caminiti est un compositeur new-yorkais actif depuis une dizaine d’années sur la scène drone noise internationale. Ses quatre premiers albums étaient constitués principalement de performances à la guitare, trafiquées par une série d’effets et de traitements. C’est à partir de Meridian (2015) que la matière synthétique allait prendre le dessus et proposer une palette sonore plus claire, nettoyée d’une partie du bruit blanc qui venait naturellement avec le genre. Caminiti est revenu en mars dernier pour présenter son sixième album, Toxic City Music, et a ramené la guitare dans le procédé compositionnel en la mélangeant avec des échantillons d’enregistrements de rue captés dans les entrailles de New York. Ça donne un mélange de noise atmosphérique et d’électro concret qui grésille et gronde. Selon la profondeur où vous en êtes rendu dans votre exploration urbaine.

Acid Shadow I est la première de trois parties dans laquelle les échantillons réverbèrent lourdement, comme emprisonnés dans un conduit d’aération. Irradiation Halo développe subtilement une mélodie à travers des strates de sons saturés, orchestrés par un panneau électrique rouillé. Joaquin nous fait ramper comme un reptile au sol, les griffes réverbérées sur les poutres en béton.

Possession commence abruptement pour revenir à une atmosphère plus calme d’exploration de tunnel souterrain, effritée parfois par des interférences radiophoniques. NYC Ego conserve une part de bruit et nous fait « chiller » dans son lounge souterrain, verre de martini à la main. Toxic Tape (Love Canal) nous amène plutôt sous l’eau, avec ses mouvements ondulés plus près des harmoniques étouffées que de la distorsion. Acid Shadow II semble s’être enfoncée davantage dans le système de ventilation et s’évanouit parmi les bruits de pattes d’insectes.

La pulsation légèrement rythmique de Toxicity rappelle le train qui passe sur une jonction de rail, répétée en écho dans le réseau de tunnels. On retrouve la sonorité pré-Meridian sur French Cocoon (Mutagen), dont l’accord de guitare électrique sert de noyau à la forme drone post-toute. Acid Shadow III ouvre sur un très long glissando qui fait place à plusieurs échantillons modulés selon la présence et la densité de chacun, et conclue dans le ventre de la fournaise.

Caminiti combine merveilleusement bien les deux genres rassemblés sur Toxic City Music; du noise drone qui oscille comme une composante saturée et de l’électro concret tout près de la matière et de ses bruits parfois aléatoires. C’est un album qui est résolument plus sale que Meridian, et bien qu’il soit aussi précis dans son montage, les différentes formes de bruit blanc laissent moins d’espace aux silences; la respiration est plus lourde, comme asphyxiée par un centre-ville pollué.

Ma note: 7/10

Evan Caminiti
Toxic City Music
Dust Editions
36 minutes

https://dust-editions.bandcamp.com/album/toxic-city-music

https://youtu.be/Q6TuPzRYdNA

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