Critiques

Drew McDowall

Unnatural Channel

  • Dais Records
  • 2017
  • 36 minutes
7,5

L’écossais Drew McDowall est un vétéran de la scène musicale industrielle. Actif dans le milieu punk dès 1978, il collabore avec le groupe Psychic TV durant les années 80 et avec le groupe Coil à partir des années 90. Avec près de quarante ans d’expérience, McDowall fait partie de la première vague de compositeurs qui avaient plus à voir avec l’expérimentation et l’improvisation. Étonnement, ce n’est qu’en 2015 qu’il publie son premier album, Collapse, en proposant des séquences atmosphériques qui progressent lentement et ponctuées par des mouvements plus rythmés aux échantillons d’impacts bétoniques et d’impulsions métalliques. L’histoire continue avec son deuxième album Unnatural Channel, publié en mai dernier, avec une palette sonore qui s’éloigne légèrement de la synthèse analogique pour se rapprocher du rythme trafiqué. La lenteur des passages ambiants contraste savoureusement bien avec l’agressivité des rythmes manufacturiers.

Tell Me The Name s’éveille tranquillement, comme un reptile mécanique pris dans un réseau de tunnels. La masse sonore fluctue en densité selon le nombre d’échantillons réverbérés, et laisse ensuite un rythme plus lourd faire vibrer le sol. Habitat donne suite à l’atmosphère souterraine avec un filtrage plus clair, laissant quelques scintillements métalliques se perdre dans l’espace abandonné. This Is What It’s Like se contorsionne sur elle-même, alimentée par différentes vitesses de vibration et accompagnée par un chuchotement qui nous rappelle que « this is what it’s like sleep deprived ». L’atmosphère cauchemardesque nous fait ramper au sol à la recherche d’une crevasse qui permettrait de continuer la descente en enfer.

Unnatural Channel (Part 1) se développe progressivement comme un enregistrement dans une grotte, captant les mouvements d’insectes et créatures nocturnes. Un rythme de mécanisme industriel prend place et nous mène jusqu’à Unnatural Channel (Part 2), qui développe davantage la rythmique en ponctuant les impulsions électroniques avec les échantillons industriels. L’intensité monte d’un cran à mi-chemin lorsque tous les éléments se réunissent pour former un rythme tribal irrésistible. Recognition prend forme à partir de fragments projetés sur les murs, dédoublés par leurs impacts, accentués par la surface dense et lisse du béton. Unshielded progresse rythmiquement comme un rituel mi-humain, mi-machine, et conclut abruptement comme un mécanisme qui vient d’être débranché.

Unnatural Channel attire l’attention avec ses sonorités captivantes, son atmosphère fascinante de descente en enfer, étage par étage, et son interprétation de la faune souterraine qui nous accompagne durant cette dernière randonnée. À seulement trente-six minutes, on ne sait pas si on a envie d’en redemander ou si la durée de l’expérience est suffisante, mais celle-ci est certainement satisfaisante pour un amateur de musique industrielle expérimentale.

Ma note: 7,5/10

Drew McDowall
Unnatural Channel
DAIS Records
36 minutes

https://drewmcdowall.bandcamp.com

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