Critiques

Blanck Mass

World Eater

  • Sacred Bones Records
  • 2017
  • 49 minutes
7,5

Blanck Mass est le projet solo du compositeur britannique Benjamin John Power, connu également comme étant membre, avec Andrew Hung, de l’excellent projet Fuck Buttons. Son album homonyme, sorti en 2011, conservait une part de développement lent, typique de la musique drone et du post-rock, mais cette fois-ci, avec de longs accords de claviers réverbérés. C’est à partir de Dumb Flesh (2015) qu’il se passe quelque chose d’ésotérique, comme une entité qui vient hanter les oreilles et les charmer pendant toute la durée de l’album. Difficile à ne pas écouter au complet, l’album proposait une sorte de techno industriel maximaliste dont les rythmes se développaient à travers une palette de contretemps, ponctuant merveilleusement bien les lignes mélodiques. Power nous est revenu en mars dernier avec World Eater, un troisième album mixé pour les amplificateurs qui se rendent jusqu’à 11, et les clubs marginaux qui auront survécu à l’effondrement de la société occidentale.

John Doe’s Carnival of Error ouvre sur un échantillon joué en boucle, comme un début de pièce hip-hop, mais ce sont plutôt les sonorités électroniques qui se développent jusqu’à l’arrivée du rythme; l’anticipation monte d’un cran et la main droite, hypnotisée, monte le volume de l’ampli. La base techno industrielle de Rhesus Negative donne suite violemment, la guitare distorsionnée transperce la masse très dense le temps d’une longue réverbération et laisse la place à un passage rythmique percussif. Le carillon vient ajouter une touche de cauchemar éveillé, et la voix trafiquée criant « wake up! » complète l’intention de façon colérique. Please marque une pause, aux sonorités synth-wave et aux séquences manipulées en boucle. La progression nous mène à une atmosphère lounge durant laquelle le montage des échantillons de voix forme une jolie ligne mélodique aux intonations orientales.

The Rat repart sur une rythmique percussive, façon rock de stade. Elle fait étrangement penser à du futurepop fin 90s, comme une pièce instrumentale de VNV Nation qui plafonne. On passe. Silent Treatment commence et j’ai justement Joy qui me passe par la tête. Power se démarque par la suite de ma référence douteuse avec une masse sonore dense, qui donne rapidement la place à une combinaison de house et de IDM. Minnesota/ Eas Fors / Naked se développe lentement comme une longue trame noise aux variations subtiles, sans surprises, jusqu’à la finale qui propose un extrait de balade hard rock des années 80; étrange. Hive Mind conclut sur une rythmique hip-hop, en support aux échantillons de voix manipulés mélodiquement par la suite.

Le début de World Eater saute comme une bombe et donne des frissons tellement la densité et l’intensité sont bien ajustées. Par contre, ça se dégonfle un peu à mi-chemin, on perd de vue ce qui était parti pour être la ligne directrice de l’album; une espèce de dans-ta-face sonore. Heureusement, l’album gagne en contrastes stylistiques, passant du techno industriel agressif au synth-wave délicat, et cette qualité mérite certainement plusieurs écoutes.

Ma note: 7,5/10

Blanck Mass
World Eater
Sacred Bones
49 minutes

http://blanckmass.co.uk