Ben Frost
The Centre Cannot Hold
- Mute Records
- 2017
- 50 minutes
Une collaboration entre Ben Frost et Steve Albini? Pincez-moi, quelqu’un! Si Ben Frost avait l’intention de faire tendre l’oreille de la presse musicale en préparant cet album, il aurait difficilement pu trouver mieux qu’en engageant le misanthrope de Chicago, le réalisateur d’albums qu’il ne faut surtout pas appeler un réalisateur d’albums.
La dernière fois que j’avais entendu parler de quoi que ce soit entre Albini et un musicien électronique contemporain, c’était la fâcheuse, mais comique histoire avec Powell. La réaction méprisante d’Albini à une demande d’autorisation d’échantillonnage a curieusement profité au message anticonformiste de Powell, mais ça ne laissait pas croire pour autant que quelqu’un arriverait un jour à convaincre Albini de prêter son expertise à un projet électronique.
Arrive donc ce nouveau projet de Ben Frost, Australien d’origine établi à Reykjavik et figure majeure de la scène noise et ambient mondiale. L’artiste annonce par communiqué de presse que l’album tient en deux concepts : 1) un exercice de minimalisme visant à exprimer diverses intensités d’un seul ton de bleu, 2) l’idée d’une pièce musicale existante non pas l’espace en général, mais un espace spécifique.
Pour le premier concept, je vais croire Frost sur parole. Les sonorités entendues pourraient bien être bleues. Tant que ça l’inspire, c’est vraiment tout ce qui compte.
Le deuxième concept, celui de sons dans un espace spécifique, est beaucoup plus concret, plus facile à identifier, et nettement dans les cordes d’Albini. En faisant appel à un technicien reconnu pour la qualité de ses prises de son nous donnant l’impression de nous trouver dans la pièce où la musique est sitedemo.cauite, Ben Frost incite l’auditeur à porter attention aux échos, aux réverbérations et au positionnement dans l’espace. Les différentes sources sonores ont été envoyées vers divers amplis et haut-parleurs, captées par microphones et immortalisées sur ruban, dans la méthode habituelle du rock.
Point de vue musical, Frost pousse l’exécution plus loin qu’il ne le fait généralement, optant pour des tons rugueux et acidulés la plupart du temps, même dans les passages plus éthérés. Ce qui se démarque pour cet album si on le compare à ses précédents, c’est la façon abrupte qu’ont parfois les bruits de s’enchaîner et de s’interrompre, comme si Frost avait connu des petites difficultés techniques, mais avait choisi de garder ces accidents pour leur élément de surprise. C’est un autre bon album de Frost, une autre intéressante excursion bruyante de sa part, enregistrée d’une façon qui lui sied. Et il vient ajouter une facette surprenante au prestigieux parcours d’Albini.
Ma note: 7/10
Ben Frost
The Center Cannot Hold
Mute
50 minutes