Critiques

Crabe

Visite du temple inné

  • Indépendant
  • 2023
  • 42 minutes
8
Le meilleur de lca

Il y avait jadis des choses qu’on pouvait prendre pour acquis : le soleil se lève à l’est, se couche à l’ouest, la construction dans les rues de Montréal et le refus ostentatoire des conventions musicales de Crabe. Avec Visite du temple inné, le duo de Mertin Poulin-Légaré et Gabriel Lapierre propose encore une fois un album où les genres musicaux se font triturer, étirer, mélanger pour créer des trames audacieuses et profondément punk dans l’esprit. À l’exception d’une seule…

Sur Visite du temple inné, Crabe revient un peu plus à sa façon de faire les choses après un album très collaboratif, Sentients, paru en 2021. Ce qui ne veut pas dire qu’il met de côté complètement l’idée de travailler avec d’autres. On retrouve tout de même 5 pièces composées et interprétées avec d’autres artistes sur l’album et Navet Confit a participé à la réalisation du projet.

Dès Conscience universelle, on est en terrain connu Crabien. C’est frénétique, ça change souvent de direction et le duo tire des influences de plusieurs genres musicaux qu’il colle les uns aux autres. C’est tout à fait réussi. Crabe propose aussi Nightmom, une pièce qui est plutôt mélodieuse tout en gardant une dose de guitare distorsionnée. Limp de quoi commence avec beaucoup trop de scratch et fait de nombreuses références à Limp Bizkit, toujours avec le sourire. Tout ça fonctionne très bien.

Pour 2020, Crabe invite un groupe important de l’underground punk montréalais : The American Devices. La pièce est vraiment intéressante et rentre au poste. Elle se termine par un texte surréel dit par Rick Trembles. Depuis, j’arrête pas de penser à la phrase : « Chose-bine, tu va t’fermerr la
gueule toutes-suites pis tu vas manger ton ostie d’pudding, ok? » Hubert Lenoir revient visiter la formation pour Personne proximité qui fait usage de Vocoder en masse et on y retrouve des mélanges de R&B, de musique expérimentale et de musique électronique psychédélique. Encore une fois, c’est très efficace. Pour Nos pères se meurent, c’est Simone Provencher qui vient glisser ses talents de compositeurs électroniques sur le punk du duo. LEB DOGGO est aussi brutale qu’on peut imaginer avec Annie-Claude Deschênes qui se joint à Crabe.

Puis… il y a Je ne peux pas te dire je t’aimeCrabe semble faire un Philippe Brach (une fausse toune quétaine remplie de clichés destinés aux radios commerciales pour faire du foin en redevance et ainsi être le joker de l’industrie musicale [insérer mème icitte]). Le truc, c’est que la blague a déjà été faite et même si c’est divertissant d’entendre Mertin Pouliot-Légaré chanter des « je t’aime » aigüs pendant que Gabriel Lapierre fait une surenchère de sonorités luxuriantes sur sa ride (peut-être que c’est une autre cymbale, mais c’est quétaine). Bref, tout ce paragraphe pour dire que… je suis indécis par rapport à ce gag.

Tout ça pour dire que Visite du temple inné de Crabe offre exactement, ou presque, ce à quoi on s’attend de Crabe avec toute la folie musicale inhérente au projet. Encore une fois, c’est de la musique qui risque de rebuter les mélomanes plus conventionnels qui vont trouver que ça part du coq à l’âne. Pour ma part, j’ai trouvé mon expérience tout à fait plaisante.

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