Converge
All We Love We Leave Behind
- Epitaph Records
- 2012
- 46 minutes
Le quatuor Converge domine la scène du punk hardcore et du métal extrême depuis Forever Comes Crashing en 1998. C’en est au point où l’on pourrait se demander si le groupe deviendra prévisible à force de toujours être excellent. Il maîtrise mieux que quiconque la chanson brutale et rapide tout comme le long mouvement progressif et dévastateur. Quel que soit le tempo emprunté, Converge met l’accent sur les idées et l’émotion viscérale, livrées avec une intensité sans égale. Leur intensité semblera même suffocante aux oreilles distraites ou délicates, mais leurs compositions sont bien dosées et trouvent toujours de l’espace pour respirer.
Avec Axe to Fall en 2009, Converge avait perfectionné son arme la plus sous-estimée jusque là: son instinct pour le hook. Ce talent n’avait jamais été aussi criant que sur les chansons Dark Horse et Worms Will Feed/Rats Will Feast. Le guitariste/compositeur/réalisateur du groupe, Kurt Ballou, s’en donnait à coeur joie et ajoutait pour la première fois quelques solos de guitare, parce qu’il en avait envie, et parce que le roi peut faire tout ce qui lui plaît. Ces quelques surprises avaient poussé certains à déclarer l’album le meilleur du groupe en carrière, dominant même le titanesque Jane Doe (2001). L’album souffrait cependant du syndrome du filler, avec une série magistrale de cinq chansons en début d’album, mais quelques créations solides sans être remarquables dans le deuxième tiers de l’album.
En comparaison, AWLWLB est moins aventureux, mais nettement mieux dosé. Le seul élément vraiment nouveau cette fois est l’approche de Jacob Bannon, qui adoucit sa voix dans quelques pièces, chose qu’il avait toujours laissée à des chanteurs invités. Même si le groupe n’arrive pas ici à atteindre les sommets accrocheurs d’Axe to Fall, les dynamiques sont jumelées et séquencées de façon magistrale. No Light Escapes (seulement offerte sur la version “deluxe” de l’album, inexplicablement) est un magnifique exercice de concision, juxtaposant en à peine cinquante secondes deux passages distincts mais complémentaires et remplis de vie.
Notons les progrès de Ballou à la réalisation, qui manie mieux que jamais les ambiances mais sait quand même faire sonner un accord de guitare comme un piano à queue atterrissant d’une chute de treize étages, comme dans les dernières secondes de la chanson Coral Blue.
Si les seuls défauts qu’on trouve à un album, c’est que le CD est privée de trois bonnes chansons offertes exclusivement sur la version deluxe, et qu’une seule des quinze pièces de l’album semble faire figure de remplissage (Veins and Veils), c’est qu’on cherche des raisons de se plaindre. Si vous avez l’estomac pour la musique heavy et que vous ne connaissez toujours pas Converge, qu’est-ce que vous attendez ?
Ma note: 9/10
Converge
All We Love We Leave Behind
Epitaph
46 minutes
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