Critiques

Cloakroom

Dissolution Wave

  • 37 minutes
7

Ce trio originaire de l’Indiana, formé de Doyle Martin (voix, guitare), Bobby Markos (basse) et Tim Remis (batterie), — il remplace Brian Busch qui a quitté l’aventure en 2019 — nous a proposé deux albums depuis sa naissance. Paru en 2015, Further Out s’inspirait fortement du mouvement « emo ». Deux ans plus tard, le trio récidivait avec un album ambitieux titré Time Well. Cette création concrétisait, pour ainsi dire, l’identité sonore de la formation; une sorte de shoegaze / stoner-rock aussi puissant qu’aérien.

C’est dans un contexte difficile que cette troisième parution, intitulée Dissolution Wave, a pris forme. Le meneur de Cloakroom, Doyle Martin, a livré ses états d’âme dans le communiqué de presse remis par la maison de disques quant à la gestation de ce long format : « We lost a couple of close friends over the course of writing this record. Dreaming up another world felt easier to digest than the real nitty-gritty, we’re immersed every day ».

Pour fuir cette dure réalité, Martin a donc écrit et composé ses nouvelles chansons en réfléchissant à la possibilité qu’un phénomène physique purement théorique, qu’il a nommé « dissolution wave », puisse se manifester. Cette « vague de dissolution » aurait le pouvoir d’effacer l’art et la pensée abstraite de l’humanité. Pour garder les deux pieds sur terre, Cloakroom a remis les rênes de la réalisation entre les mains du preneur de son habituel de la formation, un ami de longue date, Zac Montez.

Le trio a souvent été comparé à de grosses pointures comme Nothing (Doyle est maintenant membre de Nothing à temps plein) et Swervedriver, sans jamais atteindre le niveau créatif de ces artistes. Même si Cloakroom n’accède pas aux hauts standards établis par ces groupes susmentionnés, il fait un bond en avant avec Dissolution Wave. Tout au long de ce long format, on note plusieurs tentatives sonores subtiles, mais intéressantes.

Dans la conclusive Dissembler, le changement drastique d’ambiance et de rythme en conclusion étonne agréablement. Dans Doubts, l’apport synthétique de Matt Talbot (Hum) séduit. Idem pour la contribution percussive de Jason Gagovski (Sweet Cobra) dans Lost Meaning. Les ascendants power-pop entendus dans A Force to Play remémorent subtilement les bonnes années de Teenage Fanclub et l’amplitude sonore, vaste et explosive, dans Dottie Back Thrush est une véritable pourvoyeuse de frissons.

Malgré le concept quelque peu ampoulé imaginé par Martin, la simplicité des chansons, combinée à la réalisation limpide, saura conquérir les fans de shoegaze lourd. Les souverains de ce genre musical n’ont vraiment pas à craindre de perdre leur couronne au profit de Cloakroom, mais on ne peut que constater le chemin parcouru par le groupe. En composant des chansons simplifiées, la formation met de l’avant ses principaux atouts : son explosivité et ses émouvantes mélodies. Tout simplement.

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