Redcar est la nouvelle identité de Christine & the Queens qui avait aussi pris le nom de Chris au cours de la dernière année. Ce nouveau personnage est une manière pour lui d’exprimer là où il est rendu. Après Chaleur humaine qui avait charmé les foules, il était revenu avec Chris en 2018. Redcar les adorables étoiles est le troisième album et celui-ci n’est pas même pas sorti qu’il a déjà annoncé la sortie d’un quatrième qui a été travaillé avec Mike Dean, bien connu pour ses collaborations avec Kanye West.

En amont de la sortie de ce nouvel album, le chemin a été cahoteux. En lisant l’entrevue donnée par Redcar plus tôt à The Guardian, on comprend que tout n’est pas résorbé. Le lancement de l’album aura été repoussé après que Redcar se soit blessé pendant une répétition. Il tenait absolument à ce que l’album paraisse en même temps que les concerts à Londres et Paris. Ce chaos se retrouve aussi dans Redcar les adorables étoiles, un album qui est inégal et déroutant, pas nécessairement dans le bon sens de la chose.

De son propre aveu, les chansons ont été créées en deux semaines en 2021 dans son appartement parisien. En 13 jours, Redcar a accouché de 13 chansons. Celles-ci sont empreintes de séparations, de deuil et de langueurs amoureuses. Ma bien aimée bye bye met la table pour le reste. On retrouve Redcar (ou Christine and the Queens, c’est un peu compliqué à savoir si c’est un stunt ou réellement l’identité qui persistera du Parisien) dans une mélodie aérienne et une approche assez rock. Les synthétiseurs sont toujours présents pour garder le lien vers les années 80 qui a toujours teinté sa musique. Le tout groove plutôt bien avec de magnifiques moments musicaux.

Par contre, ça vire à 180 degrés à Tu sais ce qu’il me faut et sa prise de son atroce. Le son est étouffé, la voix est mise beaucoup trop devant, il y a des voix qui sortent de partout dans tous les sens. C’est comme si les outils professionnels qui sont à la disposition de l’auteur-compositeur-interprète avaient pris le bord. Ce changement de cap entre deux chansons représente ce qui se passe sur Redcar les adorables étoiles.

Dans les pièces plus réussies, on retrouve Je te vois enfin, l’un des premiers simples qui compte sur une bonne mélodie. La surprenante La clairefontaine est aussi un moment réussi. Encore une fois, on se retrouve dans une approche plutôt aérienne, très différente de ce que nous a proposé Christine and the Queens dans ses deux premiers albums. Looking for love est typique pour l’artiste qui a toujours affectionné les sonorités des années 80.

Dans l’autre catégorie, il y a My Birdman qui est un essai vers quelque chose de plus haut perché. C’est très coloré, mais en effet plutôt qu’en émotions. Combien de temps, une tentative de longue pièce, est légèrement déroutante. Ça manque un peu d’exploration musicale alors que vocalement ça va encore une fois à fond dans les effets. Ça tombe malheureusement un peu à plat.

C’est un nouvel album qui est très inégal pour Redcar. Cette nouvelle identité de Christine and the Queens demeurera peut-être à long terme ou, comme Chris, ce n’est peut-être qu’une autre évolution dans ce projet qui, à défaut d’avoir toujours frappé dans le mille, ose changer avec le temps et explorer des avenues sonores novatrices. Il sera intéressant de voir où ça ira avec cet album de collaborations avec Mike Dean à venir.