Christine And The Queens
Chris
- Because Music
- 2018
- 45 minutes
Héloïses Letissier lance un deuxième album de Christine and the Queens, qui semblerait, prendrait désormais la forme de « Chris ». Après un premier album universellement acclamé par la critique, est-ce que la française pourrait répéter cela avec son deuxième?
En partie. Chris est un bon album de pop avec de lourds penchants pour l’esthétique sonore des années 80. De plus, Letissier se lance dans une voie androgyne où le genre n’importe peu. Ce n’est pas une mince tâche de réussir cela, mais elle possède le cran et la personnalité pour le faire habilement. Là où ça accroche parfois, c’est dans l’accent français en anglais qui rend certaines paroles carrément incompréhensibles.
Chris a réussi un tour de force en offrant l’album dans les deux langues, ce qui n’est pas une chose aisée. Elle réussit tout de même à conserver le sens des paroles et garder la mélodie intacte.
She’s barely feeding, but she’ll deny
Ribbon-legged, she passes by
Until she surrenders in the midst of the street
And the guys simply stare but continue to eat— Doesn’t matter
Elle ne mange plus rien, elle nie tout
Ses jambes sont deux rubans mous
Elle s’effondre sur ses deux genoux quartier rouge
Et les mecs dévisagent sans que personne ne bouge— Doesn’t Matter (voleur de soleils)
Résolument engagée dans une lutte au patriarcat, Chris se permet de nombreuses critiques acerbes de l’état des lieux. Girlfriend est un bel exemple où elle refuse le terme (ou encore peut-être le titre et ses engagements ou les deux) et sur laquelle DâM-FunK collabore. Parmi les meilleurs coups de ce Chris, The Stranger avec sa trame dépouillée, efficace et son texte cryptique frappe dans le mile.
Par contre, c’est là aussi que se manifestent les moments de problèmes de compréhension. Et c’est pire sur Damn (what must a woman do) qui est carrément incompréhensible par moment. On ne parle pas ici des moments en espagnol dans le refrain. C’est lorsque les effets de voix sont trop prononcés que l’articulation prend le bord. Mais Chris, nous fait oublier ces moments avec l’entraînante Comme si, la mélodieuse The walker et la surprenante Goya soda.
Un deuxième album réussit pour Christine and the Queens, ou Chris, ou Héloïse. Bref, ça fonctionne en prenant à fond l’esthétique sonore des années 80, une parole pertinente et une orchestration brillante.