Chilly Gonzales
Solo Piano III
- Gentle Threat
- 2018
- 38 minutes
Le Montréalais d’origine Chilly Gonzales s’est fait connaître pour ses multiples frayements avec le jazz, le trip-hop et la pop. Il a eu des collaborations tant avec Daft Punk que Drake. Cependant, son album le plus populaire est paru en 2004: Solo Piano était loin de ce qu’on connaissait de lui. Le pianiste laissait aller tout son talent en présentant des pièces rappelant beaucoup le jeu délicat des morceaux d’Erik Satie. Après avoir renoué l’exercice avec Solo Piano II en 2012, il revient avec Solo Piano III, un bel album dans la continuité des précédents.
L’inspiration de Satie reste évidente dans Solo Piano III. Dans Treppen, le premier morceau, la progression et le jeu utilisé par Gonzales font beaucoup penser au travail du compositeur français. Famous Hungarians, Chico et Be Natural ont aussi cette lenteur caractéristique. Au début, Ellis Eye a pour sa part un esprit de valse. Par la suite, le rythme devient tout autre et mène ailleurs. Il y a des rappels plus anciens encore: Prelude in C-Sharp Major fait carrément référence à un autre prélude bien connu de Bach qu’on trouve dans Le Clavier bien tempéré. L’emprunt est très audible au début de cette pièce. Ce prélude est très emblématique de la volonté de Gonzales à savoir jouer avec les différents courants pour en faire une autre oeuvre à part entière.
D’autres influences plus modernes sont présentes dans plusieurs mélodies. Nimbus emprunte la densité du son et le minimalisme qu’on trouve dans la musique de Philip Glass. Pretenderness, lui, le rappelle dans l’utilisation de boucles mélodiques. Quant à Blizzard, le jeu de piano est très proche du jazz et l’air évoque plutôt Steve Reich, un autre grand de la musique minimaliste.
En somme, cet album est vraiment très beau et bien exécuté. La surprise est moins grande que lors de la sortie des premiers, mais il n’en reste pas moins un produit de qualité.