Critiques

Cherubs

Immaculada High

  • Relapse Records
  • 2019
  • 41 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Cherubs est un trio noise-rock originaire d’Austin, Texas, qui a rendu l’âme en 1994, dans des circonstances encore aujourd’hui nébuleuses (consommation de drogues dures, dissensions à l’interne, etc.). Mais en 2016, à la grande surprise des fans, la formation renaissait de ses cendres en lançant une véritable bombe sonore : 2 Ynfynyty. Un disque qui a reçu plus que sa part d’approbations.

La semaine dernière, trois ans après la parution de 2 Ynfynyty, Cherubs revenait à la charge avec Immaculada High; album réalisé par Erik Wofford (Explosions in the Sky, The Black Angels, My Morning Jacket)… et l’apport du réalisateur n’est pas étranger aux incursions dans le psychédélisme lourd (Old Lady Shoe) et le shoegaze (IMCG) que le groupe propose sur ce 4e album studio en carrière.

Si sur 2 Ynfynyty, la formation misait sur sa naturelle force de frappe – évoquant parfois l’explosivité de Nirvana – sur Immaculada High, Cherubs est nettement plus subtile, et par le fait même, encore plus intéressant.

La voix du chanteur-guitariste Kevin Whitley est plus inharmonieuse que jamais en plus d’être mixée dans les catacombes et le son de guitare, excessivement saturée, est une mixture réussie du son de Buzz Osbourne (Melvins) et celui de Kevin Shields (My Bloody Valentine). Bien sûr, la section rythmique martiale, assurée par le bassiste Owen MacMahon et le batteur Brent Prager, est impeccable.

L’unique déclaration formulée par le groupe au sujet de ce nouvel album est assez révélatrice de la direction artistique souhaitée : « This recording feels like the soundtrack to a movie about Mother Nature exacting dark revenge on the nasty Homo sapiens ». Et c’est exactement ce à quoi on a droit !

De sa voix haute perchée et un peu nasillarde, Whitley nous balance des références à des porcs vautrés dans la crasse, à des insectes stridents et menaçants ainsi qu’à des serpents voraces, avides de chair humaine : une nature qui reprend ses droits en punissant sévèrement la démesure consumériste de l’humanité.

Parmi les brûlots qui vous écorcheront les oreilles, on a eu un faible pour la mélodie de Whitley dans Sooey Pig, pour cette fureur martelée dans Tigers in the Sky, pour le rythme dance-punk dans Cry Real Wolves, pour l’influence punk dans Pacemaker de même que pour les guitares imprécises et dissonantes dans Full Regalia.

Immaculada High ne plaira pas au commun des mortels, mais ceux qui sont familiers avec la musique de ces salopards que sont les MC5, Shellac, Melvins, Nirvana, Metz, The Jesus Lizard et Butthole Surfers vont carrément « tilter » à l’écoute de cet excellent disque; l’une des meilleures sorties de l’année musicale en cours.

La fin de l’humanité dans vos oreilles !

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