Chat Pile + Hayden Pedigo
In the Earth Again
- Computer Students
- 2025
- 36 minutes
On entend beaucoup parler des États-Unis pour les mauvaises raisons depuis l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche. Une élection qui a été majoritairement soutenue par les états dits « républicains », ceux qui sont à l’intérieur des terres, loin des vagues des deux océans. Ce sont ces mêmes états qui ont donné naissance aux deux projets qui se réunissent pour In the Earth Again. D’un côté, Chat Pile, un groupe de noise rock qui a le vent dans les voiles depuis la sortie de l’excellent God’s Country en 2022. Le groupe d’Oklahoma City n’est pas le typique projet qu’on pourrait attendre de la Bible Belt. De l’autre côté, Hayden Pedigo, un guitariste reconnu pour son « finger picking » originaire du Texas est un tout autre animal qui a notamment fait de la politique en se présentant comme candidat à la ville d’Amarillo où il est né. Sa course, un peu psychédélique, a démontré à quel point la politique appartenait aux entreprises aux États-Unis. Bref, deux artistes qui viennent du centre du pays et qui chroniquent ce qu’ils observent.
Malgré leurs points semblables, ce sont aussi deux artistes qui ont des genres musicaux très différents. Amis dans la vie, les membres de Chat Pile et Hayden Pedigo ont profité d’un moment sans tournée pour créer un album en commun. Plutôt que de faire un split, ils ont opté pour une création originale où les deux univers allaient devoir cohabiter.
In the Earth Again est une expérimentation en grande partie réussie. On sent les deux univers qui se mélangent et qui donnent une nouvelle proposition. C’est le cas sur Never Say Die, où la guitare diffère de ce que Chat Pile fait normalement. C’est lourd, appuyé, ultimement beaucoup plus métal que ce que le groupe propose habituellement. L’autre voix qui s’ajoute au refrain et offre des moments qui font penser à Machine Head. C’est très réussi. Ce genre de fusion se fait aussi sentir dans The Matador, qui prend des airs de Korn. Encore une fois, il semble que le mix entre Pedigo et Chat Pile semble tirer le tout vers le métal en raison du ralentissement des riffs de guitares.
Il y a la magnifique A Tear for Lucas, une des plus belles pièces parues en 2025. L’émotion est palpable dans l’interprétation de Raygun Busch qui chante par-dessus une guitare acoustique très simple.
But you lived your whole life
Way past the point
Of no return
And no reply
And oh I wish I could
Hold the planet up
With my two hands
And make it right
With glad return
And warm reply
— A Tear for Lucas
Il faut dire que le chant moins intense va bien à Raygun Busch, comme le démontre aussi Demon Time, qui est une lente complainte menée par une guitare gardée sous tension par une distorsion en filigrane et une basse qui entre parfois pour ponctuer l’ensemble. C’est encore une fois tout à fait réussi. C’est le cas aussi sur la chanson Magic of the World. Radioactive Dreams prend des airs d’indie-rock alors que Busch se met à chanter presque comme Neutral Milk Hotel avec cette approche musicale différente. Ça lui va bien encore une fois.
La seule critique qu’on peut faire à l’album, c’est le manque de cohérence dans l’ensemble de la proposition. On sent que c’est une expérimentation et qu’ils se découvraient en même temps qu’ils composaient.
C’est mission accomplie pour ces deux projets très différents qui ont su trouver un terrain de création commun. Ça ne va pas nécessairement faire plaisir aux fans des deux, mais ceux qui ont une ouverture d’esprit et qui écoutent autant du folk que du noise rock (ça se peut OK?) auront beaucoup de plaisir avec celui-ci.