Critiques

Cattle Decapitation

Death Atlas

  • Metal Blade Records
  • 2019
  • 55 minutes
8
Le meilleur de lca

Tous coupables d’exister. De vivre et de respirer simplement. C’est comme ça qu’on se sent quand on écoute du Cattle Decapitation.

Death Atlas, sorti le 29 novembre dernier (ou lors du Black Friday, incidemment!), plus de quatre ans après avoir lancé l’apocalyptique et merveilleux The Anthropocene Extinction, ce septième album des Californiens arrache tout sur son passage. Définitivement mélodique, mais vraiment pas plus doux pour autant, il est construit comme un bâtiment complexe aux structures très solides.

Le groupe y régurgite les différents malheurs créés par la race humaine, ainsi que les traces indélébiles et affreuses qu’elle laisse sur la Terre sacrifiée. « Regardez ce que vous avez fait. Quelle est l’excuse ultime de votre surconsommation? Pourquoi maltraitez-vous une autre race? On se dirige vers la sixième extinction de masse. On est des envahisseurs, des parasites! ». C’est le genre de propos que le groupe martèle dans ses paroles depuis 1996, et ce discours est on ne peut plus actuel.

Le concept de Cattle Decapitation est souvent d’inverser les rôles entre animaux et humains, et de mettre ces derniers dans des situations et lieux atroces, comme les tests sur les animaux ou les abattoirs. On ne peut rester indifférent devant les cicatrices géantes que le groupe pointe du doigt violemment, nous incitant à sortir de la torpeur ambiante.

Cattle Decapitation, c’est comme un professeur insistant et accusateur qui te met toutes tes erreurs dans la face. Un être évolué et sans merci qui te fait réaliser les torts que tu as infligés à la planète ou aux autres, en tant qu’élève qui a échoué lamentablement. Ça donne le goût de faire plus que de simplement recycler et composter…

Mais concentrons-nous sur cet opus pour l’instant. Death Atlas, enregistré et produit par Dave Otero au studio Flatline Audio, est enveloppé d’un artwork toutefois moins troublant que les prédécesseurs, créé par leur collaborateur de longue date Wes Benscoter. C’est aussi le premier album du groupe en tant que quintette. Un deuxième guitariste fait son apparition en tant que membre officiel: Belisario Dimuzio, qui a rejoint les rangs du groupe de façon non officielle en l’accompagnant lors des tournées. Un nouveau bassiste figure également sur cet opus, le Québécois Olivier Pinard (aussi membre de Cryptopsy), qui fait partie de la formation depuis l’année passée. Ce musicien a décidément un avenir fort prometteur devant lui! 

Dans la deuxième pièce, The Geocide, on remarque déjà toute l’âme qui sort de la gueule du chanteur Travis Ryan. Il superpose trois sortes de cris, parfois une voix plus chantée avec vibrato (dans Absolute Destitute par exemple), et même une voix plus « proche » et au centre, celle-ci est presque parlée. Il a fait énormément d’expérimentations et ça paraît qu’il a beaucoup travaillé avec sa voix, et ce, dans presque toutes les chansons.

Chose surprenante, Death Atlas possède une certaine direction un peu plus black métal à certains moments. On y trouve des mélodies qui sont revêtues de coloris sombres et maléfiques, où fleurissent des patterns vocaux découpés avec soin, dignes de Dani Filth, comme dans Be Still Our Bleeding Hearts ou Vulturous. Certains moments se rapprochent même presque du shoegaze (!), comme la pièce-titre placée à la toute fin, sorte de vague géante qui nettoie tout ce qui a été saccagé.

Les interludes inquiétants The Great Dying I et The Great Dying II rajoutent une petite pause dans cet album charnu, comme des gardiens de prison s’arrêtant un instant pour soupirer devant nos bêtises enfantines.

Bref, Death Atlas nous somme de rester en punition dans le coin, et de réfléchir à nos actes immondes…