Critiques

Cat Power

Wanderer

  • Domino Records
  • 2018
  • 37 minutes
7,5

Chan Marshall, alias Cat Power, fait partie de ces artistes dont la vie intime constitue le carburant créatif principal. Depuis 1995, l’Américaine nous dévoile, avec une authenticité admirable, ses incessants états spleenétiques en les transformant en de magnifiques pépites sonores. La dame aime prendre son temps. En 2012, elle nous avait offert l’album Sun; une virée en zone électro-pop réussie. Parmi ses meilleurs albums, on ne saurait trop vous conseiller les excellents Moon Pix (1998), You Are Free (2003) et The Greatest (2006).

La semaine dernière, Cat Power était de retour avec une nouvelle production intitulée Wanderer. Réalisé en totalité par Marshall elle-même, ce nouvel album est une vue d’ensemble de ce qu’elle a vécu au cours des quatre dernières années et, bien sûr, ce ne fut pas de tout repos. Des problèmes de santé récurrents, une rupture abrupte avec la maison de disques Matador Records et la naissance d’un enfant furent les principales épreuves et joies qui ont jalonné son existence.

Musicalement, la dame revient à ses premiers amours en prenant le soin d’éliminer toutes les fioritures qui entravent la sincérité, la pertinence et l’authenticité de sa démarche. On retrouve une Marshall en mode esseulée (guitares, piano, voix), ponctuant parfois ses chansons d’ornements électros et de cordes, se faisant même accompagner par une « sœur de sang » (Lana Del Rey) sur l’accrocheuse Women; un moment fort de ce disque.

Même si on se retrouve en terrains connus, ce Wanderer est juste assez « inventif » pour qu’on puisse y déceler une certaine distanciation avec ses parutions antérieures. La relecture de Stay (immense succès de Rihanna) bouleverse grâce à ce subtil arrangement de cordes qui se manifeste à la mi-parcours de la chanson. La prise de son lo-fi priorisée dans You Get, combinée au jeu de batterie malhabile de Marshall, confère un charme indéniable à cette pièce et, fidèle à son habitude, elle interprète ses errances mélancoliques avec une justesse de ton émouvante.

À 46 ans, après autant d’albums au compteur, après avoir surmonté la peur maladive de « performer » sur scène et après avoir affronté autant de difficultés personnelles, Chan Marshall n’a plus rien à prouver, ni à elle ni à qui que ce soit. Elle pourrait nous refaire le même album à tous les cinq ans qu’on ne trouverait pas grand-chose à redire. Le seul fait qu’elle soit encore en vie, et en mesure d’écrire d’aussi belles chansons, constitue un véritable exploit.

Le disque automnal parfait.

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