Critiques

Bleachers

Bleachers

  • Dirty Hit
  • 2024
  • 48 minutes
6

Après avoir entendu l’extrait Modern Girls dans un épisode de Sex Education, j’avais hâte d’écouter le reste de l’album. Avec un débit accrocheur rappelant Billy Joel et des arrangements à la Bruce Springsteen, la toune, avec son indéniable charme 80s, a trôné au sommet de mon top personnel en 2023. Ce grouillant simple annonçait de belles promesses pour l’album à venir.

Jack Antonoff, leader incontesté sur le plan de la création dans Bleachers, ne cache pas sa fascination quasi morbide pour les années 80. Sans non plus tenter de reproduire son à son les mêmes ambiances, les mêmes textures. Son amalgame entre nostalgie et modernité reste assez fluide.

Est-ce qu’on verse dans l’exercice de style ou dans l’authentique pulsion créatrice? D’une chanson à l’autre, ça varie.

D’emblée, Me Before You reste sympathique, mais sans plus. Tout de suite après, le simple évoqué plus haut donne le botté d’envoi pour faire lever le party. L’énergie se maintient avec Jesus is Dead. Ça augure bien, mais ce sera de courte durée.

Bleachers mise à fond sur les chœurs surproduits dans les refrains pour donner l’illusion d’accoucher du plus infaillible des hooks. Un peu comme dans les refrains supposément épiques à la limite du prévisible sur Isimo. Insister autant sur la réverbération dans les voix pour dissimuler une faiblesse mélodique ressemble à l’utilisation des rires en cannes dans les sitcoms.

Par contre, dans des pièces comme Alma Mater, en duo avec Lana Del Rey, ou Woke Up Today, ça passe quand même mieux. Antonoff ne peut s’empêcher d’inclure un saxophone ici et là dans les orchestrations pour bien nous faire entendre la filiation avec son héros Springsteen. Dans Self-Respect, l’apport des cuivres arrive même à surprendre d’une belle manière.

Les auditeurs francophones ne manqueront pas de soulever la ressemblance entre Hey Joe (rien à voir avec le classique américain du même nom popularisé par Jimi Hendrix), une des plus réussie, et Je l’aime à mourir de Francis Cabrel. Call Me After Midnight, pseudo-ballade midtempo plus efficace que bien d’autres titres passe-partout de l’album, nous donne un petit groove discret, mais bel et bien efficace.

Déjà que le tout s’était essoufflé bien avant la fin, le coup de grâce nous tombe dessus avec la soporifique The Waiter en fermeture. Un flirt étrange avec l’esprit boys band. D’ailleurs, les trois derniers titres ferment le cercueil. Comme trois pièces en trop. Le chouchou de la pop américaine a-t-il livré ici un produit à la hauteur de sa renommée? Pas sûr.

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