Critiques

black midi

Cavalcade

  • Rough Trade
  • 2021
  • 42 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Réglons tout de suite une chose : black midi ne fait pas dans la musique accessible pour tous. La jeune formation ne passera pas à la radio et ne remplira pas les Centre Bell de ce monde. Ceci dit, black midi est véritablement à l’avant-garde du post-punk anglais. Tels de véritables scientifiques du son, ils s’aventurent et franchissent les limites d’un genre plutôt expérimental à la base. Leur deuxième album, Cavalcade, vient s’inscrire dans cette lignée en nous offrant le meilleur du groupe.

Dès le début, rien ne peut prédire la direction de l’album. John L., la première chanson de l’album, ouvre triomphalement le bal à coup de batterie agressive et de guitare criante. Rien n’est pourtant laissé au hasard, jusqu’aux moments de silence dans la chanson qui ajoute un élément de tension à l’ambiance déjà chaotique de la composition. Geordie Greep, chanteur de la formation, récite les paroles de la chanson, rajoutant une couche épaisse de confusion dans ce bijou. Ici, le caractère décousu n’est pas un défaut. Au contraire, il démontre la capacité de black midi à explorer la musique comme personne d’autre.

À l’opposé de John L., on retrouve des chansons plus douces, moins stressantes qui s’apparentent plus à du jazz qu’au math-rock habituel. Marlene Dietrich, chanson-hommage à la grande actrice américano-germanique, vient nous calmer pour un bref moment avant de nous replonger vers un rythme plus saccadé, mais contrôlé avec Chondromalacia Patella. Telles des montagnes russes, les moments d’accalmie s’accompagnent de sensations fortes durant tout l’album. On se croit traverser des rapides. Au moment où finalement on pense que les sensations fortes sont passées, elles ne font que ressurgir pour prodiguer encore plus d’adrénaline. On finit à en vouloir toujours plus.

C’est là que réside l’élément si scientifique, si mathématique et étudié de black midi. Dans cette cacophonie sonore qui n’en est pas une, on se plaît à réécouter l’album, encore et encore pour saisir les subtilités qui nous ont échappé lors de la première écoute. De la voix de Geordie Greep, à la batterie féroce de Morgan Simpson, en passant par les synthés et la basse décadente de Cameron Picton, il n’y a pas à douter un seul instant de la supériorité musicale de Cavalcade. Le post-punk théorique et méthodique de black midi nous fait vibrer en nous faisant passer par toute la gamme des émotions possibles. C’est un album qui ne laissera personne indifférent… pour le plus grand plaisir des fans aventureux.