Black Lips
Satan’s Graffiti or God’s Art?
- Vice Records
- 2017
- 56 minutes
Les Black Lips étaient dus. Le groupe américain a une tendance à la régularité lorsqu’il s’agit de sortir des albums. Voilà bien trois ans qu’est paru l’appréciable Underneath the Rainbow. Le groupe qui s’était fait connaître pour ses frasques scéniques a beaucoup changé avec les années. De meilleurs musiciens, ils ne restent pas dans leur zone de confort très longtemps. Et ça continue avec Satan’s Graffiti or God’s Art?
Le titre de l’album qui nous vient sous forme de question est déjà en lui-même une déclaration. À la manière de « le génie est proche de la folie », la formation d’Atlanta nous pose un peu en défi son nouveau titre. Est-ce qu’ils sont des méchants garçons ou des apôtres qui font avancer l’humanité? Rien n’est moins clair. Tout comme la réussite de ce nouvel album. On a l’impression d’être spectateur de deux Black Lips. La première est une formation qui tente de nouvelles approches à leur musique avec des instrumentations intéressantes, l’ajout d’une saxophoniste (Zumi Rosow) et des influences diversifiées. La deuxième formation nous propose des pièces qui sonnent le réchauffé et le déjà vu.
Évidemment, on préfère le groupe lorsqu’il met de l’avant un son plus audacieux. Avec une mélodie fédératrice, Occidental Front est sans doute la pièce qui représente le meilleur des deux mondes. Son air est accrocheur, son saxophone est grinçant, ses guitares bruyantes et l’ensemble fort séduisant. Can’t Hold On poursuit sur la même lancée avec une autre mélodie convaincante. Ce n’est pas inusité, mais ça marche à merveille. Interlude : Got Me All Alone, une sorte de blues franchement crasseux est assez délicieux.
Mais pour toutes ces pièces qui séduisent l’oreille, il y a plusieurs moments ordinaires sur Satan’s Graffiti or God’s Art? En tête de file, The Last Cul de Sac est une pièce à la tiédeur proéminente. Oubliez les sonorités punk, on nous propose plutôt un bon vieux morceau de pop-rock assez pépère. On peut en dire autant de la pop-rock Crystal Night qui aurait pu être réussie avec un peu plus de piquant. Outre les voix qui sont un peu décalées, la pièce est une balade rock assez standard, entendue des milliers de fois auparavant et honnêtement, mieux exécutée par des groupes comme les Beach Boys. On peut en dire tout autant de la langoureuse Wayne qui ne convainc pas plus l’oreille malgré son utilisation abusive de la pédale de wah-wah.
Les Black Lips font quand même quelques bons coups sur ce nouvel album. Surtout avec l’ajout de la saxophoniste Rosow qui amène de nouvelles possibilités sonores. Ça fonctionne très bien. Les Américains sont aussi très convaincants lorsqu’ils osent aller hors des sentiers battus. C’est du punk mélodieux et grinçant à souhait. Le problème, c’est lorsqu’ils se mettent à faire de la pop-rock que le résultat est la plupart du temps décevant.
Ma note: 6,5/10
Black Lips
Satan’s Graffiti or God’s Art?
Vice Records
56 minutes