Björk qui lance un nouvel album est toujours un événement en soi. Un événement qui est généralement accompagné de magnifiques costumes excentriques et c’est tout à fait le cas encore une fois avec Fossora. Après avoir plongé dans l’amour à l’ère contemporaine sur Utopia, Björk fait plutôt face à la mort et à notre condition humaine sur Fossora.

Ce dixième album de Björk qui arrive 5 ans après Utopia a été inspiré en partie par la mort de sa mère ainsi que par le deuil en général. Il faut ajouter à tout cela que l’album a été enregistré en Islande et que l’autrice-compositrice-interprète en a parlé comme d’un album foncièrement islandais en raison de l’utilisation des chœurs et d’éléments de trad. Mais comme chaque chose que fait Björk, il ne s’agit pas d’un album campé dans un chemin convenu.

Fossora est peut-être l’un des albums les plus accessibles de la discographie récente de Björk. Atopos qui ouvre l’album est particulièrement digeste tout en gardant des moments de folie créatrice qu’on aime tant. Le mélange de clarinettes basses, de chœurs, les percussions puissantes et l’interprétation toujours aussi grandiloquente de la chanteuse sont très efficaces. On y retrouve aussi un appel à l’union à l’espoir alors qu’elle chante à répétition que « hope is a muscle that allows us to connect ».

Ce qui est touchant aussi, c’est qu’elle fait de la place à ses deux enfants sur l’album. Sindri et Ísadóra apparaissent toutes les deux sur une pièce. La première est sur la percutante Ancestress, une réflexion sur la filiation et le temps qui passe. C’est très beau et réussi. On y retrouve aussi Emilie Nicolas (pas la journaliste québécoise, mais plutôt l’artiste norvégienne) qui participe à Allow. Puis sur Fungal, c’est l’auteur-compositeur-interprète américain serpenwithfeet qui prête sa voix à la composition.

On retrouve tout de même des pièces musicales excentriques sur Fossora, comme Trölla-Gabba qui mélange chœur et drum machine avec une approche hachurée et saccadée. Ce n’est pas mélodieux au sens traditionnel, mais il en ressort tout de même une certaine unité intéressante. D’ailleurs, l’album dans son ensemble trouve une unité dans ses différences. Comme si les cordes de violon répondaient aux clarinettes basses.

C’est une autre oeuvre impressionnante que propose Björk avec Fossora. Cette autrice-compositrice-interprète ne semble connaître aucune limite de création et c’est tout à son honneur. Si vous ne l’aimez pas en partant, ce ne sera pas l’album de la réconciliation, mais si vous êtes déjà conquis, vous y trouverez de nouvelles raisons de réjouissances auditives.