Critiques

Bill Pritchard

A Trip To The Coast

  • Tapete Records
  • 2014
  • 37 minutes
7

TR280_Bill_Pritchard_RGB_shLe 7 mars dernier, le songwriter britannique francophile, âgé de 49 ans, nommé Bill Pritchard, mettait sur le marché son premier rejeton depuis By Paris, By Taxi, By Accident, paru en 2005, intitulé A Trip To The Coast. Pritchard est un artiste qui déteste foncièrement les mondanités et pratique son métier avec la rigueur d’un artisan, écrivant et composant tous les jours dans son antre/garage aménagé minutieusement à cet effet. L’homme pratique un pop rock lettré, minimaliste et raffiné évoquant autant Robert Forster, XTC, Lloyd Cole que Robyn Hitchcock.

Avec cette voix remémorant Peter Parrett, de l’excellente formation post-punk anglaise The Only Ones, Pritchard nous offre un A Trip To The Coast qui allie légèreté, sobriété et opacité, racontant des histoires simples, dépouillées de tout artifice poétique superflu, portant sur l’amour et la perte. Réalisé par l’acolyte de longue date Tim Bradshaw et colligé au studio personnel de Pritchard situé dans le Staffordshire natal, ce disque baigne résolument dans une atmosphère sonore rappelant les parutions rock dites alternatives de la fin des années 80.

Même si on a parfois l’impression d’entendre un artiste inactuel, Pritchard réussit à captiver grâce un songwriting élémentaire, mais mélodiquement parfait. Naviguant entre optimisme lumineux et douce mélancolie, l’auteur-compositeur-interprète propose une sitedemo.cauction destinée à un public friand de rock mature qui cherche à se faire rassurer plutôt qu’à se faire bousculer.

Sur cet aspect, c’est une réussite totale, Bill Pritchard faisant preuve d’une sincérité sans équivoque. Encore une fois, l’artiste exprime éloquemment sa profonde affection de la France sur un titre comme Truly Blue qui met à l’avant-plan la rue de Rome; artère chevauchant le 8e et le 17e arrondissement de la Ville Lumière. La Grande-Bretagne n’est pas en reste avec un morceau romantique titré Almerend Road évoquant persuasivement les paysages champêtres du terroir british: «So Sian please wake up this time and put on your make up and shine/See everybody sees if you please the Almerend Road».

Musicalement, Pritchard écrit des chansons sans chichi/flafla. C’est parfaitement agissant, mais ça pourrait déplaire aux jeunes mélomanes fringants avides de sensations musicales plus frétillantes. Ceci dit, le vétéran fait le travail avec une conviction renouvelée. Parmi les exemples probants, on a réellement apprécié la pop enjouée Yeah Yeah Girl, l’orchestrale Truly Blue, la très Robert Forster titrée Almerend Road, le folk orfévré Paname ainsi que la mélancolique Polly (titre qui plaira sans doute à La Brute du Rock…).

Nostalgiques d’une certaine esthétique alternative européenne, vous serez comblés par le labeur de Bill Pritchard sur ce A Trip To The Coast. Voilà un compositeur préférant les charmes indéniables de l’anonymat à la puérilité des projecteurs et on ne peut que s’incliner devant autant d’intégrité et d’authenticité. Un retour franchement réussi!

Ma note : 7/10

Bill Pritchard
A Trip To The Coast
Tapete Records
37 minutes

www.billpritchardmusic.com

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