Critiques

Big Thief

U.F.O.F.

  • 42 minutes
8
Le meilleur de lca

Big Thief est un quatuor de Brooklyn aux résonnances apparentées à l’indie rock indépendant, avec une touche de folk. Ce sont quatre talents qui savent nous interpeller, nous faire pleurer, nous provoquer, nous faire sourire en nous transportant avec eux de chanson en chanson et d’album en album. C’est une formation menée par la chanteuse et guitariste Adrianne Lenker qui s’est entourée au départ du guitariste Buck Meek, pour finalement ajouter la basse de Max Oleartchik et la batterie de James Krivchenia. C’est une musique possédant à la fois une intensité et une sensibilité désarmantes.

Big Thief possède un son doux, qui amène le calme, on s’y perd tranquillement, jusqu’à ce qu’on prenne le temps d’écouter Lenker nous susurrer des paroles sombres, intimes et souvent troublantes d’une vérité écorchée. Lorsque les guitares égratignées et les rythmes rock nous assomment finalement, la voix intense, tremblotante d’Adrianne Lenker nous transperce de part en part.

Tout fanatique s’étant fait solidement séduire par les deux précédents albums du groupe, Masterpiece et Capacity , attendait avec impétuosité la troisième œuvre de Big Thief, U.F.O.F.                                      

Le titre de l’album U.F.O.F (acronyme faisant référence à un objet volant non identifié) est en soi un prélude parfait à ce qu’on s’apprête à écouter : un album énigmatique qui nous amène dans des lieux inconnus, dans un espace-temps mystérieux, vers des émotions inexploitées à ce jour, mais aussi dans un doute captivant. U.F.O.F n’est pas un album de première écoute, mais une découverte que l’on pèle comme un fruit qu’on se hâte de déguster. Fidèle à ses habitudes, Lenker s’adresse encore à des personnages (Jodi, Caroline, Violet, Betsy), qui pourraient être elle, sa mère, le voisin, ou même être nous. Des héros et héroïnes qui sont placés dans des paysages dessinés au travers de paroles métaphoriques et surréalistes.

La première pièce Contact, semble être une ode à une femme libre, à qui Lenker voudrait ressembler, de qui elle souhaiterait suivre les traces. Introduite par une douce mélodie murmurée à notre oreille qui soudainement laisse grimper les guitares grinçantes tel un cri du cœur. Dans les chansons From, Betsy et Terminal Paradise, la chanteuse n’a pas peur d’explorer les limites de sa voix ou de l’écorcher pour nous faire ressentir ce que l’on ne peut saisir entre les lignes manuscrites.

Dans la pièce titre U.F.O.F, elle fait ses adieux à un ami qui disparaît tel un OVNI, quelque chose qu’elle n’avait jamais connu auparavant. Elle chante la disparition du meilleur baiser qu’elle a reçu, d’une personne qu’elle chérissait alors que la finale musicale nous amène dans le mauvais rêve dont elle parle, celui où la personne qu’on aime disparaît.

Switch to another lens

The last sunlight

I don’t need any other friends

The best kiss I ever had is the flickering

Of the water so clear and bright

To leap in, my skin

And I could feel the reaction

Just like a bad dream

You’ll disappear

Another map turns blue

Mirror on mirror

And I imagine you

Taking me outta here

To deepen our love

It isn’t even a fraction

U.F.O.F.

Si on compare les précédentes œuvres à celle-ci, Masterpiece et Capacity possèdent des arrangements forts professionnels, à la fois simples et efficaces, une droiture et une prudence dans la voix de la chanteuse. Pour U.F.O.F., on sent plutôt la liberté et l’exploration d’une intimité qui nous traverse. Le fait que le groupe a choisi d’enregistrer l’album dans un chalet en pleine nature nous donne un grand sentiment de proximité pendant l’écoute. Somme toute, on semble assister à l’émancipation d’un groupe désormais soudé, qui détient un fort désir de créativité duquel émane une œuvre à la fois brute, dense et complexe, un vrai OVNI.

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