Big Thief
Masterpiece
- Saddle Creek
- 2016
- 37 minutes
Autre semaine, autre découverte. Cette fois, du côté de Brooklyn, où le quatuor rock Big Thief, mené par la voix détachée et précise de miss Adrianne Lenker, nous a offert au début juin un premier album au titre présomptueux de Masterpiece.
Tout est beau et bien fait chez Big Thief. Voilà un groupe qui a compris qu’au-delà de la recherche des nouvelles sonorités, il y a d’abord le plaisir d’offrir une musique bien construite. Et c’est ce que s’efforce de faire, avec beaucoup de succès Lenker (voix et guitare) et ses acolytes Buck Meek (guitare), James Krivchenia (batterie), Max Oleartchik (basse).
Mais avant de parler de la musique, abordons dans un premier temps les textes, si vous le voulez bien.
Si la thématique générale nous apparaît au premier regard surexploitée (l’amour, encore lui, celui qui fait mal, qui déchire et qui fait souffrir), on se doit tout de même de souligner la qualité de l’écriture de Lenker. Rien de compliqué dans le phrasé, mais tout de même de belles trouvailles.
Pensons au refrain bien tourné de la chanson Paul:
«I’ll be your morning bright goodnight shadow machine/I’ll be your record player baby if you know what I mean/I’ll be your real tough cookie with the whiskey breath/I’ll be a killer and a thriller and the cause of our death.»
Ou à ce texte sur la violence conjugale, provenant de la pièce Real Love:
«Having a bad week?/Let me touch your cheek/I will always love you/Having your face hit/Having your lip split/By the one who loves you.»
Côté construction musicale maintenant… Si le travail de surfaçage a bien été fait – peut-être même un peu trop à certains moments –, quelques éléments granuleux très intéressants demeurent dans les compositions entendues.
Suffit d’écouter la pièce Real Love pour s’en convaincre et pour comprendre l’intérêt porté envers le groupe: la voix d’Adrianne Lenker trouve en une batterie bien lourde et des accords linéaires des partenaires de jeu convenus dans les deux premiers tiers, mais voilà que s’extirpe en fin de parcours une guitare dissonante, criarde, qui n’avait pas été invitée au départ. Belle trouvaille. Nos oreilles ont grandement apprécié les accords dissonants entendus.
Et on en aurait pris davantage. Voilà peut-être un élément à exploiter éventuellement chez Big Thief…
Mais d’ici là, ce Masterpiece se veut un très bon premier album aux arrangements assurés, où le rock, tel un caméléon, change de couleur au gré de la noirceur des textes de miss Lenker.
Ma note: 8/10
Big Thief
Masterpiece
Saddle Creek
37 minutes