Beth Gibbons
Lives Outgrown
- Domino Recordings
- 2024
- 46 minutes
Il aura fallu jusqu’en 2024, après plus de 30 ans de carrière à l’orée de ses 60 ans, à Beth Gibbons pour présenter son premier album de matériel en solo. La première rumeur d’un album solo, date de 2013, alors qu’il semblait qu’un projet était en chemin. Un premier depuis la sortie de l’album en duo avec Rustin Man en 2002 et le dernier Portishead en 2008. Même si le groupe n’a pas sorti d’albums, il continue, une fois de temps en temps, à faire un concert.
L’album a été influencé par une panoplie de sujet, mais principalement, il semble que Gibbons a puisé son inspiration dans la maternité et dans les nombreuses morts qui sont arrivés à des gens près d’elle au cours de la dernière décennie. On peut dire que le ton « funérails » est présent dans la mesure où il y a un peu de mélancolie, une recherche de beauté pour apaiser les émotions et une certaine sérénité de l’acceptation.
Musicalement, Beth Gibbons livre un album de pop-rock orchestrale aux textures sonores franchement intéressantes. À l’instar des autres membres de Portishead, les sonorités occupent une place importante dans les choix qu’elle fait. Cela permet de faire voyager l’oreille dans des pays luxuriants. C’est le cas sur la lancinante Lost Changes où la basse est pesante, les percussions rondes alors que sa voix se fait fragile et légère. Le contraste est relié par une guitare aux sonorités acoustique et des cordes magnifiques. Puis à un moment, il y a cette mélodie qui nous emporte au deux tiers de la pièce avant que Gibbons se mettent à siffler. Un moment d’une grande beauté.
Beth Gibbons ne se complait pas dans la plainte alors que la dynamique Reaching Out vient frapper à grands coups de cuivres menés à la charge par une basse encore une fois très présente. C’est aussi le cas pour la mystique Beyond the Sun qui mise sur des chœurs vocaux et une section rythmique encore une fois puissante.
À travers le tout, Beth Gibbons flirte aussi avec des tendances plus folk traditionnelles comme c’est le cas sur la pièce qui ouvre Lives Outgrown : Tell Me Who You Are Today. C’est aussi vrai sur Oceans et la mélodieuse For Sale.
Franchement, c’est un excellent album qu’a créé Beth Gibbons qui démontre encore une fois sa grande finesse dans ses choix artistiques. Elle refuse les lieux communs au profit d’aventures qui, bien qu’elles s’écartent légèrement des sentiers battus, gardent suffisamment de sonorités rassembleuses pour donner une impression de chaleur et de partage émotif authentique.